Silit, Cité aux Mille Vices
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La cité de Silit est particulière... dirigée par une royauté de succube et d'incube, la luxure est loin d'y être un péché, et est même un art de vivre !
 
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 Il peut y avoir du bon dans la magie noire !

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MessageSujet: Il peut y avoir du bon dans la magie noire !   Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! EmptyJeu 14 Juin - 0:07

Hilaris
Ryanne
Groupe : Citoyen.
Âge : ...
Race : Succube.
Métier : Bibliothécaire et Archiviste.
Orientation sexuelle : Bisexuelle.

▬ ft. personnage de Fire Emblem

Nom complet : Ryanne Hilaris
Groupe : Citoyens
Signes distinctifs : Une chevelure d'ébène, mi-longue, aux mèches ondulées. Une taille guère impressionnante, qui avoisine les uns mètres soixante, voir un petit peu plus. Et ce sourire, éternel et enfantin, suspendu à ses lèvres ! La succube s'amuse souvent à changer de toges - cependant toujours dans la même gamme de couleur -, pour opter selon ses humeurs aux vêtements amples ou cintrées. Elle transporte toujours un tome, où qu'elle aille, et se perd parfois en lecture tout en marchant, quitte à faire une mauvaise - ou assommante - rencontre avec un poteau...

Enjouée en quasi-permanence, rares seront les fois où vous la verrez bouder - et quand cela arrive, c'est généralement fait exprès, avec pour but de vous faire culpabiliser. En outre, quand il n'est pas question pour la succube de se montrer taquine avec son entourage, celle-ci, très intéressée par les Arts Occultes et les innombrables possibilités qu'ils renferment, ainsi que par la stratégie militaire et les ruses qui y sont associées, ne manque jamais une occasion de s'instruire ! Elle trouve toujours le temps pour dépouiller un livre de tous ses petits secrets, et n'a jamais passé une seule journée de son existence - qu'elle n’ait pas oubliée - sans que cela ne se produise.
Par contre, au cours de ses anciennes mésaventures dont elle ne se rappelle strictement rien mis à part son prénom, Ryanne a oblitéré une grande partie de son passé. Partie qu'elle cherche à se restituer tant bien que mal, sans grand succès pour le moment...
Malgré cette triste amnésie, elle est paradoxalement hypermnésique, c'est à dire que son cerveau, en suractivité permanente, retient les choses très facilement. Studieuse et curieuse, son tempérament fougueux associé à son éloquence et à sa ruse lui ont valu le titre de gardienne et collectrice des connaissances manuscrites silitiennes. Cette profession, très prenante et chronophage, empiète pas mal sur sa vie de succube et sur les besoins qui caractérisent ladite race, bien que Ryanne trouve toujours un moyen de joindre les deux bouts. Et lorsqu'elle trouve quelqu’un à son goût... il est particulièrement difficile pour elle de l'oublier jusqu'à ce que la ou l'heureux élu(e) réponde à ses avances. Pour parvenir à ses fins, considérant la séduction comme un jeu, la succube ne recourt quasiment jamais à l'utilisation de ses Dons ténébreux. A son humble avis, pour tirer un maximum de plaisir dans une relation de ce type, il est nécessaire que la difficulté se fasse ressentir. Après quoi la consommation devient d'autant plus passionnante~

La moindre des choses qu'on puisse dire, c'est que je n'y suis pas allé de main morte aujourd'hui.
Elle se tenait là, L'Ombre dont peu de personne ne connaissait le vrai nom, au beau milieu des cadavres, dans une petite bourgade perdue non loin des montagnes, entouré de maisons en bois carbonisées, de chariots renversés et de quelques autres vestiges d'une civilisation fraîchement déchue. Dans un petit patelin autrefois verdoyant, plein de vie, mais qui avait fini par se substituer à un océan de morts où régnait un silence morbide. Ce silence-là était entrecoupé par le chant funeste des corbeaux, leurs vilains croassements se répandant dans les cieux puis sur la terre ferme tandis que leurs ailes sombres les rameutaient vers les macchabées.
La silhouette armurée - à la fois éclatante et effrayante de par sa noirceur, le sang qui la tâchait et les motifs argentés qui la recouvraient - ne bougeait pas d'un pouce, son arme pendue à sa main affectée par d'incongrus tremblements. Son autre main gantée - celle qui ne tenait aucune lame - se leva vers son visage, pâle comme la mort, pour s'y poser avec délicatesse en une parodie de geste de consternation.
Et je ne sais même pas pourquoi je les ai tués. Tous. Sans distinction aucune. Tous morts de ma main.
Ses prunelles mornes et fatiguées se posèrent sur la petite bourse en cuir qui pendait à sa ceinture. Il en connaissait le contenu et en reconnaissait les résidus d'odeur dans l'air. Une exhalaison à en faire tourner la tête et à vous donner l'envie de...
...tout oublier. Jusqu'à un certain point, dans mon cas. Il y a des choses que je ne peux malheureusement pas oblitérer, que je ne peux plus effacer et que je ne pourrai jamais faire disparaître complètement. On ne peut pas revenir en arrière, sinon on m'aurait tué depuis des lustres et je n'en serais pas là à anéantir des gens sans que j'en connaisse la raison.
Il ferma le poing, fâché contre lui-même. Fâché contre sa folie, surtout. Ou plutôt fâché contre cette  chose... cet être qui le dirigeait, dissimulée dans les coulisses de son âme, là où jamais il ne pourrait l'atteindre et envisager très sérieusement la salvatrice perspective de le supprimer.
Il a fait de moi un mort qui répand la mort. Une Faucheuse capricieuse, impartiale, monstrueuse...
Il évacua un long soupir en promenant son regard sur les corbeaux, ceux-là même bien affairés sur les corps tranchés, brisés, étalés çà et là autour de lui sans lui prêter d'attention comme s'il n'existait pas ou plus. Comme si le danger s'en était allé et qu'il était maintenant l'heure pour eux de passer à table et de profiter de ce festin si généreusement offert par L'Ombre.
Je suis l'outil d'un Fou. Je ne peux pas me donner la mort. Je suis condamné à la dispenser aux autres. Je la côtoie mais... je ne la connais pas. Je ne sais pas ce que les condamnés voient de l'autre côté du voile. Et la douleur qu'ils ont tous ressenti avant de rejoindre l'autre-monde... cette même douleur m'est devenue étrangère, lointaine et abandonnée. Quant aux émotions, hormis les regrets je ne ressens plus grand-chose...
Le charnier à ses pieds ne le dégoûtait pas. Son visage ne trahissait qu'un profond sentiment de lassitude. Quant à ceux de ses victimes, ils étaient à jamais figés dans une expression de terreur infinie.
Car ils ont vu un monstre. Une créature abominable. Terrible !... et implacable.
Il y avait des outils brisés par terre - des fourches, des marteaux et d'autres objets du quotidien assez dangereux entre de mauvaises mains. Les villageois s'étaient défendus... en vain.
Merci d'avoir essayé. Il a certainement apprécié le geste. Assez pour en jouir et vous le rendre au centuple...
A deux pas de lui, un corbeau picora le visage grimaçant d'un cadavre et arracha un œil à son orbite, qu'il fit rapidement glisser au fond de son gosier en tendant le cou.
Cou qui se tourna dans une direction à part à l'écoute d'un son inopiné. Quelqu'un venait de se cogner dans un tonneau, ou quelque chose de creux. Et ce son discordant avec le reste du monde, de cette solitude macabre, céda sa place à un hurlement déchirant. Un affreux cri du cœur dont l'effet dramatique se répercuta jusqu'au cœur de L'Ombre. Cœur que son propriétaire croyait pourtant déchu et immunisé de tout, sauf des regrets qu'apportaient sa lame dans son sillage. Ça, c'était une chose que L'Ombre avait oublié pour la simple et bonne raison que...
L'Ombre ne laisse jamais de survivant dans son sillage quand elle commet un massacre. Sauf erreur de ma part, c'est chose inédite ! Et ce cri m'étreint l'âme...  ce cri qui me...
Il grimaça, évoluant parmi les morts - sans jamais les piétiner - en direction de l'endroit où provenaient ces sanglots à en fendre l'âme. Les corbeaux qui traînaient dans son sillage s'envolaient pour se poser un peu plus loin sur un autre corps à déguster.
Il s'enfonça dans une petite rue perpendiculaire à celle dans laquelle il était en train de philosopher et repéra une femme dans la fleur de l'âge, prostrée, criant au désespoir, penchée sur les dépouilles de ses proches.
C'est impossible ! L'Ombre l'aurait loupée ?! L'Ombre se serait... trompée ?! L'Ombre aurait éch-
Non, bien sûr,
fit une voix dans sa tête. Elle ne se trompe jamais.
A ce moment-là, les contours de son ombre - la vraie - perdirent petit à petit de leur netteté, comme s'ils cherchaient à s'étendre, à gagner du terrain sur le monde extérieur...
Il sentit confusément sa bouche s'ourler en un sourire mauvais.
Il n'est jamais trop tard pour tuer, tu le sais bien... Nous ne le savons que trop bien.
Tu es fou ! N'es-tu pas assez rassasié après ce que Tu as fait ?!
On ne l'est jamais assez,
répondit la voix ténébreuse, parasitaire, prisonnière de son esprit. Allons... Laisse-moi donc rectifier le tir.
Alors que ses yeux sombres détaillaient passivement la  miraculée - ce brin de femme qui, dans d'autres circonstances plus élogieuses, aurait pu lui paraître très charmante et non pas aussi dépenaillée qu'elle ne l'était maintenant, avec ses cheveux mi-longs décoiffés et son air de chien battu -  il fut pris d'un léger spasme, puis d'un autre, plus fort et plus virulent. Il dut serrer les dents pour résister à ce qui risquait une nouvelle fois de se produire, et aux sinistres et très regrettables conséquences qui allaient sans doute s'ensuivre.
Tu as laissé passer ta chance. Alors maintenant... reste... à Ta place!
La force de sa volonté, moins vacillante que de coutume, fit taire les gesticulations surnaturelles de son ombre. Quand le résistant leva les yeux, il s'aperçut que la jeune femme avait cessé de crier pour émettre, moins distinctement, quelques sanglots étouffés.
Leur regard se croisèrent enfin et, toujours accroupie, lamentée, elle lui demanda fébrilement, une note de peur dans le timbre de sa voix :

- Pourquoi... avoir fait ça ?... Pourquoi... ?

L’interrogé secoua la tête ; il ne s'en souvenait déjà plus, après tout. Tout comme il était bien incapable de lui répondre que c'était tristement le cas. Elle ne le croirait jamais, voir le prendrait pour une saloperie de psychopathe.
Interloquée par cette absence de réponse, la fille ne tint plus. Elle se jeta sur lui, galvanisée par son incommensurable tristesse et l'énergie, allant croissante, que lui conférait le désespoir ! Mais dans son état, cela ne changeait rien. Ses petits poings ne lui servaient à rien. L'homme en armure la repoussa d'un geste, et la fille tomba sur les fesses avant d'aller s'étaler sur les cadavres des siens, adossés contre le mur d'une maison en ruine.
Elle se remit à sangloter. Le tueur la contemplait, une main levée et tremblante, hésitant quant à l'avenir de cette pathétique créature...
Je ne suis pas comme Lui. Je ne veux pas la tuer. C'est la première survivante de Ses massacres... La première Miraculée.
Mais si tu la laisses vivre, elle finira par te retrouver et par vouloir se venger de toi. De tout ce que tu as fait ici,
jaillit la voix du néant. Elle ne croiras jamais le stupide consommateur d'Althaeca que tu es.
Son ombre ondula encore, de façon presque grotesque cette fois-ci, comme pour narguer son propriétaire en proie au doute. Ce dernier, piqué par son argument, baissa les yeux sur la petite bourse en cuir qui pendait à sa ceinture et... songea très sérieusement aux bienfaits de l'oubli. Un oubli durable, voir éternel, qui pourrait rendre service à une autre personne que lui.
L'Ombre comprit ce qu'il prévoyait de faire et sa manifestation éthérée, impuissante pour l'heure, se mit à pulser au sol.
Imbécile ! Il ne t'en restera plus après ça. La folie et la culpabilité auront tôt fait de te submerger sans ce médicament. Allons... Retire-toi et passe-moi les rênes!
En accusant cet éclat de voix intérieur, l'homme en armure se contracta de tout son être, presque plié en deux sous le choc. La fille, jusqu'alors sonnée, finit par sortir de sa torpeur et par entreprendre de se faire la malle. L'homme, qui la vit juste à temps se lever, tendit promptement la main et la saisit rudement par les cheveux. Les larmes inondant ses joues, elle se mit à hurler comme une hystérique !
Oui ! Vas-y ! Tue-la! Rétablis l'Ordre des Choses. Fais que cette esquisse devienne une véritable œuvre d'Art ! Tue-là ! Tue-la ! Tue-laaa !
LA FERME !

Il arracha la bourse à sa ceinture et en vida le contenu sur le visage de la jeune femme. Celle-ci écarquilla les yeux de terreur et se mit à éternuer frénétiquement. Puis l'homme la relâcha et elle se mit à chanceler, groggy comme une ivrogne, son petit minois tartiné de poudre bleu. Le dose d'Althaeca ingérée fut telle que la pauvre s'effondra au bout de trois pas vacillants. L'homme la rattrapa avant qu'elle ne tombe à terre. Il écarta une mèche de son jeune visage pour contempler ses traits détendus. Ses souvenirs étaient en train de s'étioler, de s'effacer lentement pendant son sommeil forcé.
La bienheureuse en oubliera certainement jusqu’à son nom et son appartenance. Moi... je n'ai pas eu cette chance. Le passé m'a toujours rattrapé.
L'Ombre s'était tue. Elle ne remuait plus ni ne parlait plus. Elle ne pouvait pas non plus prendre le dessus face à tant de résolution de la part de son hôte.
Il fit volte-face, la femme inconsciente dans ses bras, l'air un peu moins coupable comme s'il venait  d'accomplir quelque chose de grand, de réconfortant. Mu dans un profond silence, arrivé à l'entrée de cette bourgade morte, il déposa le corps de la jeune femme en bordure de chemin.
Maintenant, je te confie à ta bonne étoile. Elle s'est montrée capricieuse, à en croire cette sanglante journée, mais j'ose croire qu'elle te permettra de vivre une nouvelle vie. Sans chagrin, sans regrets ni remords... au cœur de l'oubli.
Il lui coula un dernier regard avant de disparaître dans les montagnes, à la manière d'un spectre venu hanter les lieux jusqu'à satiété. Nul ne le revit plus depuis ce jour, ou alors nul ne fut en mesure de témoigner de ses apparitions futures... Personne ne le sait.
En tout cas, l'homme ne prêta aucune attention à la caravane, très éloignée de sa position, qui se dirigeait vers le lieu de son massacre accompli. Il ne prêtait plus attention à rien, en fait...


Ce jour-là, il pleuvait. Une pluie drue qui tombait lourdement et inlassablement sur la tête de tous les habitants de Silit, qu'ils soient esclaves, citoyens ou étrangers. L'humidité céleste, parfaitement impartiale, claquait sourdement et à un rythme effréné sur les pavés de la Cité. Elle coulait en cascades sur les vitres des battisses et les auvents des marchés.
  Ryanne, un tome aussi épais qu'un dictionnaire serré contre sa poitrine, debout derrière une fenêtre dans la bibliothèque royale, contemplait silencieusement le ciel se déchaîner. Elle avait l'air perdu dans ses pensées - non, elle l'était même complètement ! Son regard brillait d'une fine lueur nostalgique tandis que derrière elle, entre les travées de la bibliothèque, se mouvaient les membres de sa famille adoptive - au nombre de trois : la mère, le père et le frère - tous affairés à quelques préparatifs exceptionnels.
En ce jour de mauvais temps, le travail, comme l'eau, ne manquait pas. C'était l'une des raisons pour laquelle toute la noble petite famille s'était réunie pour plus d'efficacité ; d'ordinaire la jeune succube à la courte chevelure d'ébène aurait très bien pu se débrouiller seule, mais c'était aussi une excuse pour passer un peu plus de temps en famille.
Alors pourquoi se perdait-elle en contemplation ainsi ? Eh bien... cela lui arrivait souvent quand les cordes se mettaient à tomber du ciel. Et c'était d'autant plus fréquent lorsque sa famille d'adoption se trouvait à proximité. Comme si l'aura de chacun, leur présence conjuguée, agissait de concert pour lui rappeler qu'elle leur était éternellement redevable.
Oh, oui ! Elle leur était redevable à ce point-là. A eux mais aussi au prince lui-même. Sans l'aide de Karel, Ryanne Hilaris n'aurait jamais porter ce nom. Sans l'altruisme de ce membre de la royauté,  jamais la succube n'aurait pu pénétrer en ces lieux d'érudition et y passer d'innombrables heures à s'instruire. Hé ! elle aurait sans doute été libérée de ses fers par un autre congénère de passage, conformément à la loi silitienne qui interdit la traite des succubes sur le marché des esclaves, mais son destin n'aurait pas été le même. Pas du tout, oui.
Elle n'aurait jamais pu devenir citoyenne de Silit - au mieux une étrangère de plus entre les remparts de la Cité. Elle n'aurait jamais été anoblie par sa bienveillante famille et n'aurait, ô grand jamais, pu devenir la Bibliothécaire, la Gardienne des Connaissances, du palais silitien.
Un titre administratif qu'elle jugeât très prestigieux et... incontestablement passionnant !
Oui. Elle avait obtenu ce rôle grâce à son entourage, à leur influence certes, mais également grâce à ses prodigieuses capacités intellectuelles ! Sans elles et sans son profond attrait pour la littérature, Ryanne n'aurait pas été capable d'attiser incidemment la curiosité des siens. Elle n'aurait pas pu passer les tests implicites que son paternel - un incube à l'appétit sexuel atténué - lui avait fait passer ; comme ce jour-là où, juste avant de se mettre en tête de l'adopter, il lui avait demandé de réciter un chapitre complet - mot pour mot - d'un ouvrage dans lequel elle venait tout juste de plonger son nez.
La conclusion fut des plus agréables pour le gérant des lieux de cette lointaine époque : la succube était hypermnésique. Néanmoins, paradoxalement, comme si ce don inné avait un prix, elle souffrait également d'une mystérieuse amnésie ; le cerveau de la succube, pourtant en suractivité, avait oblitéré une grande partie de sa mémoire, de ses débuts et de ses réelles origines. Comme si sa vie avait débuté dans une cage et dans l'humidité, les fers au cou, aux chevilles et aux mains, et non pas dans un berceau. Comme si tout avait commencé le jour de sa libération par Karel, et que tout avant cet épisode ne méritait pas d'être exposé au grand jour. Des informations sensibles, scellées dans son inconscient... ?
Elle n'en savait absolument rien, et ça la turlupinait de temps en temps...
Bref. Ce jour-ci, pluvieux, était le jour de son anniversaire - ou disons plutôt le jour de son adoption. Et Ryanne comptait bien le passer dans ce lieu symbolique. Dans la bibliothèque Royale. Dans son foyer d'accueil. Dans lieu qui tenait presque du culte pour la succube ivre de lecture !
Cela faisait bien des années que la succube vivait ici - très exactement deux cent cinquante trois années. Oui, deux cent cinquante trois années à se remplir la tête de connaissances aussi diverses que variées. Deux cent cinquante trois ans à se spécialiser dans les Arts de l'Ombre, conformément à son ascendance mais pour cette seule raison : Ryanne se plaisait beaucoup dans son rôle de petite manipulatrice~
 En revanche, elle savait tout aussi bien se montrer lucide et à l'écoute des autres, à défaut de les tromper en usant de ses ténèbres envoûtantes ; un état d'esprit qui lui permit, avec du temps et des efforts, de se découvrir une seconde affinité en rapport avec l'Air.
Mais la succube n'avait j'avais souhaité, ni même envisagé, de faire une fixette sur l'apprentissage et la pratique de la magie - elle était bien trop curieuse pour se contenter de ça. Donc, hormis les règles de bienséances inculquées par ses parents d'adoption, Ryanne eut tôt fait, lors de ses longues périodes d'études, de s'intéresser à des domaines un peu plus standardisés... et indispensables pour ce qu'elle prévoyait de faire en parallèle à sa fonction de Bibliothécaire.
Un coup d’œil vers son paternel - Kalhyan, un homme plutôt séduisant et mature à la chevelure courte et blanche comme la neige, constamment vêtu d'une toge sombre. Un personnage soucieux du détail et du rangement, dont l'image suffit à faire remonter à la surface des pensées de la succube les images d'un jour qu'elle n’oublierait jamais. Ce jour qui avait marqué la naissance de ses projets alors qu'elle s'était tenue, aux côtés de son père, devant ces mêmes étagères (vides à l'époque), profondément et justement intriguée par l’absence notable de livres. Ce fut, de prime abord pour elle, une vision triste et morne d'un recoin abandonné de la bibliothèque. Puis cette déception naissante fut ralentie par ses interrogations, auxquels sont nobles père avait répondu tout simplement : « Le temps nous manque cruellement. Nous ne sommes malheureusement pas encore en mesure d'achalander toutes les étagères de cette merveilleuse bibliothèque... » avant de se positionner à sa hauteur et d'ajouter, avec un sourire en coin : « mais toi, ma courageuse fille, penses-tu de cette manière ? Te sentiras-tu capable de remédier, le jour venu, à ce problème ? »
Elle s'en était fait la promesse. Elle LUI en avait fait la promesse, ses prunelles sombres éclairées pas cette résolution qui ne l'avait jamais quittée. Et, de son côté, pas un seul instant son père ne l'avait-elle mise en doute à ce sujet. Il l’avait crue, et cela avait fini par s'avérer très probant.
Car en ce jour, c'était avec le sourire que son bien-aimé paternel rangeait les ouvrages sur lequel sa passionnée de fille adoptive était parvenue à mettre la main, par-delà les remparts de Silit, en compagnie d'une équipe drôlement efficace qu'elle avait assemblée de ses propres mains - avec autant de temps que d'économies.
Enfin, tout ça c'était en bonne partie grâce à sa mère - Sérhya, une succube également comblée, dotée d'une longue et magnifique crinière sombre qui contrastait avec la blancheur immaculée de sa robe - qui ne s'était pas privée de lui rappeler, tout au long de sa vie passée à ses côtés, l'importance de nouer des liens avec les autres sans jamais se soucier de leur statut.
« Tout le monde a son utilité, ne l'oublie jamais. Esclaves, étrangers ou citoyens : peu importe ! Ne te limite pas à ce que tes yeux peuvent voir. Ton cœur doit ressentir »
Apprendre à lire entre les lignes, donc.
Chaque fois que la succube adoptée posait les yeux sur sa mère, cette phrase se glissait dans ses pensées, inévitable et imparable. Elle lui rappelait son parcours et les intenses efforts qu'elle avait dû produire pour se faire accepter, à temps partiel, parmi les forces de l'ordre de Silit. Car, oui : quand une magie frauduleuse ou diabolique était à l’œuvre dans un affaire complexe au cœur de la Cité, on recourrait de plus en plus souvent aux expertises méticuleuses de l’Enquêtrice Mystique. Pour en arriver à pareilles reconnaissances, il lui avait fallu se montrer très persuasive - et compétente plus encore - lors de nombreux tests - l'apprentissage des lois silitiennes en faisait évidemment partie - dont les résultats eurent tôt fait de soulager ses évaluateurs de leur scepticisme à son égard.
Ryanne occupait donc plusieurs postes, dont certains métiers qu'elle exerçait dans l'ombre, parfois même sous les directives du garde du corps de la reine en personne : Aamon Lupercal.
Parvenir à mener à bien autant de projets à la fois ne fut pas chose aisée pour la succube, mais elle était soutenue par ses proches en plus de travailler à un rythme radicalement différent du leur. Ryanne tenait par-dessus tout à rendre service à ceux qui l'aimaient mais également à la Cité toute entière. En effet, sa vie dépendait de cet endroit, de ces fondations et de ses résidents. Elle était une succube née ailleurs, miraculeusement recueillie et acceptée par des âmes charitables. Elle leur devait plus qu'elle ne pourrait jamais payer, même en donnant sa vie.
Cela dit, même si le monde extérieur lui était défavorable sur bien de points, son univers ne pouvait pas se limiter aux murailles qui sécurisaient la Cité. Pour en garantir la sûreté, bien plus que des murs il fallait des connaissances étendues - Ryanne y songeait souvent !
Oui, des connaissances fréquemment mises à jour - et pas seulement magiques - qui sauraient servir durablement les intérêts de la couronne et de ses sujets - et pas uniquement en temps de guerre.
Ce n'était donc pas seulement pour remplir les étagères vides de la bibliothèque royale, anciennement gérée par son père, que la succube avait étudié sans relâche ou même monté une équipe (qui sera mise en valeur sous peu~).
En vu de survivre à ses futures expéditions, Ryanne avait dû alimenter ses connaissances en ce qui concerne l'équitation (Les cheveux vont plus vite qu'un groupuscule à pied, n'est-ce pas?), les tactiques militaires (une unité sans éminence grise ne vaut pas mieux qu'un poulet sans tête !) et l'art du maniement de l'épée (Qui ne sait se défendre ne peut défendre autrui !)... dans lequel elle n'excellait pas vraiment.
Toutes ces études ne lui laissaient guère beaucoup de temps libre - pour ne pas dire aucun - et la succube fut bienheureuse d'avoir pu bénéficier, tout du long, d'un soutien de taille sur lequel il lui était toujours possible de compter : son frère Igños. Enfin... à cela près que ce « frère », qui était de très bonne compagnie intellectuellement parlant, avait inexorablement fini par atterrir, et ce à bien des reprises,... dans son lit, oui.
Ryanne ne voyait aucun mal à cela - ils n'étaient pas liés par le sang après tout -, et c'était justement un gain de temps pour elle, car elle était une succube bien incapable de contenir ses pulsions quand celles-ci lui chatouillaient le bas-ventre, et ne disposait pas toujours de temps libre pour quitter le palais sans devoir enquêter sur une affaire. Au début de cette relation, Igños - un incube, un tantinet timide quand on le prenait de court, reconnaissable autant par ses cheveux d'un côté blanc et d'un côté noir que par ses yeux vairons - était assez réfractaire à l'idée de copuler avec la succube. Du moins jusqu’à ce que les avances de la dévoreuse se firent plus insistantes, plus fortes, pour finir par devenir diablement envahissantes et irrépressibles au point de le pousser vers les portes de la résignation et de la luxure. C'était d'autant plus plaisant pour Ryanne quand il s'agissait, avec Igños qu'elle considérait comme son conseiller, de se mettre difficilement en accord sur des décisions tendues : dans pareilles moments de contradictions, il faisait tout pour avoir raison et cela se terminait généralement sous les draps, après de langoureux ébats~

Toujours prisonnière de ses pensées, la succube posa ses coudes sur le rebord intérieur de la fenêtre et se mit à sourire. Oui, ce jour, celui de son « anniversaire », était le résumé de sa vie actuelle. Un jour durant lequel seront rassemblés la majorité des heureux invités qui ont jusqu'ici participé à sa réussite ! Et le dernier larron qu'elle avait dernièrement ajouté à sa liste n'était pas des moindres. « L'invité mystère » avait pour ainsi dire réussi à se familiariser avec les mœurs du peuple silitien - ou presque, car il demeurait certaines activités dont il n'était pas très friand. Il ne communiquait pas beaucoup non plus avec ses partenaires d'expédition mais soit...
La succube, la tête encore un peu dans les nuages, avisa sa petite famille installée sur la plus grande table de la bibliothèque qui l'attendait. Ils lui firent signe de la rejoindre et elle s’exécuta gaiement, comme à son habitude ! Ils discutaient de tout et de rien, le temps que les invités de confiance arrivent au compte goutte dans la bibliothèque.
L'entourage de Ryanne, hors de l'enclave familial, était des plus disparates.
En effet, le premier spécimen à pousser les portes du lieu d'érudition n'avait pas l'air d'un tendre - plutôt d'une brute, mais du genre apprivoisée, qui n'est pas tout à fait du genre de vous sauter à la gorge pour un simple échange de regard mal avisé. Cet homme, de solide constitution, portait une barbe broussailleuse et des cheveux tout aussi encombrants. Un bandana vert cerclait son front et des verres sombres dissimulaient ses yeux. En guise de tenue à peu-près présentable, il était vêtu d'une tunique verte sous laquelle ses muscles saillaient, ainsi que d'un pantalon plus sombre et, fort heureusement pour les yeux chastes, moins moulant. Hors mission, cet ours d'homme occupait sans grande surprise la fonction de forgeron aux alentours des bas quartiers, et il manipulait aussi bien le marteau que la lourde hache de guerre. Sans faire davantage mention de sa carrure, ce qui pouvait le plus effrayer ses locuteurs tenait de son sourire plus qu'autre chose. Lorsqu'il l'esquissait, ce dernier le rendait affreusement laid.
L'individu se prénommait...

- Hey, Boris ! fit la succube, toute enjouée, en se levant de sa chaise si vite qu'elle faillit bien la faire choir sur son dossier chichement décoré. Ne reste pas là et viens nous rejoindre ! Aujourd'hui, c'est la fête~ Mais je ne t'apprends rien, n'est-ce pas ?

Elle lui fit un clin d’œil ; il le lui rendit en grimaçant un sourire d'automate, non sans oublier de déposer son cadeau méticuleusement emballé sur un meuble voisin.

- Manquer un festin chez les riches ? J'allais pas rater un truc pareil, pour sûr !

Igños, qui le connaissait pourtant très bien, et son père, qui en avait entendu parler de son côté, n'avaient pas l'air franchement emballés par la perspective de fêter le jour de l'adoption de la succube en compagnie d'un phénomène aussi... particulier, pour ne pas dire excessivement bourru.
Ryanne toussota très légèrement dans son poing et, du regard, juste après avoir fixé Boris, indiqua au concerné qu'il était peut-être plus que temps de faire preuve d'un peu plus de tact et de savoir-être. Il dut en l’occurrence rectifier le tir en se présentant aux parents de la succube.

- Allez ! assieds-toi et profite... avec un minimum de parcimonie, précisa-t-elle tout de même. Nous allons continuer à recevoir dans la joie et la bonne humeur !

- Avec parcimo-quoi ? s'enquit-il en haussant un sourcils broussailleux, non sans se gratter les fesses comme un singe dérangé par ses morpions.

Au moment où la mère de Ryanne allait ouvrir la bouche, quelqu'un fit irruption dans la bibliothèque et infligea une bourrade à Boris. C'était un homme blond, habillé de rouge et de blanc, une tenue un peu plus chic que celle du forgeron - sûrement un costume loué pour l'occasion. Il était un peu plus petit mais non moins musclé que Boris. Il avait les épaules larges, parfaites pour le maniement de la lance.
Il se présenta promptement au père et la mère de la succube, en ponctuant les formalités d'usage par un bref salut militaire. Puis ses yeux, bleus et vifs, toisèrent Boris avec une autorité teintée d'ironie.

- Ah, mon bon vieux Boris..., dit-il en lui tapotant l'épaule, non sans déposer sur son chemin le cadeau de la succube. Toujours le premier à passer pour un abruti ! J'ai tendance à croire que c'est pour ça qu'on t'aime bien.

Le concerné émit un grognement désapprobateur en roulant de l'épaule.

- Parce que je suis le con du dîner de cons, c'est ça ? grommela-t-il. C'est un traquenard ? Non ? Parce que si ce n'est pas le cas, moi j'aurais tendance à croire que t'es le premier type à passer pour un joli connard devant la famille d'not'employeuse. C'pas vrai, mon bon p'tit Neryos ?

Boris lui glissa un pouce sous le menton et son interlocuteur, un peu moins amusé par la situation, balaya le gros doigt d'une dédaigneuse pichenette.
Igños se plaqua une main sur le visage, consterné, et la fit glisser jusque sous ses yeux en serrant les dents. Il le lui avait bien dit, à Ryanne, que réunir tous ces bourrins dans la même pièce - et surtout dans LA FOUTUE BI-BLI-O-THEQUE - était TOUT sauf une bonne idée. Mais il ne s'était pas montré assez ferme, et sa rusée de sœur avait bien su disposer ses pions entre-temps...
Il s’éclaircit la voix pour prendre son père de court, évitant ainsi que tout parte en couilles et ce avant même que leur groupe ne soit au complet :

- Cessez vos enfantillages et choisissez vos places respectives, en faisant bien entendu de votre mieux pour vous taire, même si ce n'est pas gagné...

Le blond et le moche se regardèrent un moment en chien de faïence mais finirent par s’exécuter au bout de cinq bonnes secondes de tension. Ryanne était bien la seule, avec sa mère, à trouver cette scène amusante !

- Quoiqu'il en soit, bienvenue Neryos ! Tu n'es pas si petit que ça et nous t'aimons tous pour ce que tu es, s'enjoua-t-elle.

- Je ne sais pas comment je dois le prendre, marmonna l'appelé en s'asseyant à côté d'Igños.

- En bien, le coupa la succube. Oh ! Voilà nos invités suivants.

Au vu du regard de plus en plus méfiant du paternel des Hilaris, celui-ci s'attendait à tomber sur de nouveaux cas sociaux et s'interrogeait déjà très sérieusement sur le petit grain de folie de sa fille adoptive qui l'avait poussée à se faire pareilles fréquentations.
Finalement, il écarquilla les yeux d'étonnement !
Ce fut une véritable bombe qui venait de passer le seuil de la bibliothèque. Du genre « Femme fatale », élancée et exquise, avec une longue chevelure de jais qui lui descendait jusqu'au bas du dos, des yeux noir fins et perçants, et des courbes moulées dans une robe rouge sanguine à couper le souffle.
Éclaireuse et archère de profession, pas grand-chose ne pouvait lui échapper, à cette envoûtante créature.
Elle se tenait là, patiente, une main droite calée contre sa hanche, l'autre soupesant une petit boite surmontée d'un ostensible ruban rouge.
Kalhyan eut le regard figé sur son décolleté, incapable de le dévier d'un centimètre, et expira de façon trop audible :

- Nom de Sünd ! quels nich-Gaagh-

Sa femme, du coin de l’œil, avec un sourire artificiel et faussement poli, l'avait vu lorgner sur cette opulente poitrine et, sans vouloir en entendre plus, ne s'était pas fait prier pour lui écraser le pied sous la table. Succube ou pas, elle avait le défaut d’éprouver facilement de la jalousie...
Ryanne accueillit la nouvelle arrivante en écartant les bras, sans jamais se soucier du combat de pieds qui avait lieu au même moment sous la grande table.

- Scarlette ! l'appela-t-elle avec une joie indicible. Tu es probablement celle qui mérite le plus de te tenir ici, parmi nous ! Je devrais même te céder ma place ainsi que le jour de ma naissance, étant donné la manière dont tu rayonnes sous nos yeux ébahis~ LE rayon de soleil qui perce au travers d'une masse suffocante de nuages gris !

L'intéressée se fendit d'un petit sourire, agrémenta cette manifestation de sa bonhomie d'une brève courbette à l'adresse des parents - tout en se présentant convenablement. C'était un gros effort de sa part d'esquisser un sourire aussi petit fusse-t-il, car elle était très souvent sérieuse, voire froide quand la situation ne se prêtait pas au calme et à la camaraderie.

- N'exagérons rien, répliqua-t-elle avant de poser son petit cadeau parmi les autres. Où dois-je m'asseoir ?

Avec une expression de bienheureuse qui dissimulait un soupçon de ruse, Ryanne pointa du doigt le siège libre à côté de son cher paternel. Elle savait que si ce dernier disposait d'un angle où il pourrait couler quelques petites coups d’œil lubriques en douce, il n'aurait pas l’occasion ni le courage de faire la moindre remarque désobligeante sur ses invités.

-Hé ! C'est pas sympa de m'oublier comme ça, et encore moins de me laisser à la traîne ! fit une voix en provenance du couloir, appartenant finalement à un type du même acabit que Neryos - à la différence près que ses cheveux étaient noirs - qui finit par justement par ne jaillir. 'Va falloir apprendre à marcher un peu moins vite, Scarlette. Ce foutu costume...hh... me serre aux couilles comme...hh... Salutations ! Se reprit-il en levant la main. Heureux de vous rencontrer !

Les parents de la succube hochèrent la tête de conserve et lui firent part de leurs... enchantements.
Soyren essayait de ne pas paraître hors d'haleine et de se tenir droit, en réajustant au passage son costume sombre qui ressemblait beaucoup à celui de son jumeau blond. Il n'en donnait pas vraiment l'impression mais Soyren - comme il s'appelait - avait été naguère le moins discipliné et le plus querelleur de la troupe. Anciennement bandit de grand chemin, queutard par-dessus le marché, il avait fini par se repentir en étant tombé fou amoureux de la resplendissante Scarlette. Désormais, Soyren se comportait presque comme un petit chiot.
Presque, car il avait appris quand montrer les crocs.

- Aaaah ! s'extasia la succube. Si ce n'est pas notre fantastique Soyren, pétri de bravoure ! Allez, vite, au trot ! Va t'installer auprès de ta mie. J'entends des bruits de pas résonner dans le couloir. Et si je ne me trompe pas, ils sont au nombre de...

Deux nouvelles arrivantes firent irruption tandis que Soyren s'installait à côté de Scarlette, essuyant du même coup un regard venimeux et chargé de jalousie de la part de Kalhyan sans vraiment en comprendre la raison. Mais ce sentiment-là, le paternel de Ryanne le perdit en croisant le regard de la plus grande des deux femmes.
Celle qui se tenait fièrement à sa gauche, sur le palier de la porte menant au couloir, portait une tenue extrêmement moulante, faite en cuir bordeaux. Une tenue de travail et pas des plus rassurantes, car les connaisseurs savaient qu'on pouvait la trouver dans les rayons « SM » ou, dans le cas de sa propriétaire aux cheveux hérissés, chez les tortionnaires. D'autant plus que la concernée portait un fouet attaché à la ceinture...
Nom de nom de nom de Sünd ! Je croyais pourtant bien connaître ma fille mais là... Wouhw !
Kalhyan sursauta en entendant le sujet de ses pensées redoubler de gaieté :

- Ivy, ma grande amie ! Tu en as mis du temps. Tu jouais encore avec les méchants garçons, c'est ça ? s'enquit-elle. Ça ne m'a pas l'air facile tous les jours.

Ivy, prévoyante quant à la suite, prit place sans plus attendre en traînant par la main une autre membre de l'équipe, qui n'aimait pas tellement se faire remarquer. Au passage, la seconde s'empressa de déposer les cadeaux de taille jumelle sur le meuble élu.

- Tu parles, ma coquine ! pouffa Ivy. J'ai essayé d'exposer mon métier le plus sagement possible à notre très sensible Daya mais je suis tombée - pardonnez moi cette expression Monsieur et Madame Hilaris ici-présents - sur un-de-ces-trous-du-cul-de-merde. Ou sur un os, pour paraître plus polie, fit-elle en se rendant compte des visages passablement ahuris de son auditoire. Du coup, alors que je m'étais trouvé bien obligée de remettre les pendules à l'heure chez ledit abruti fini, Daya a vidé le contenu de son estomac par terre et j'ai du reporter à demain ma petite séance d'interrogatoire au lendemain. Autant vous dire que ça me laisse avec un goût bien amer dans la bouche !

- Pas autant que pour moi, déglutit Daya, tout juste assise, se collant le poignet aux lèvres, visiblement sur le point de vomir pour la seconde fois de la journée. ...Eurk.

Ladite jeune femme, son visage enfantin encadré par de magnifiques cheveux cuivrés, ne payait pas de mine avec sa petite robe en dentelle mais excellait pourtant dans l'art de la conception des poisons et celui, plus subtil encore, des remèdes. Elle manipulait les dagues avec une habilité de professionnelle et une précision chirurgicale. D'aucuns auraient pu la croire tout à fait innocente en l'état actuel des choses, comme ce bon vieux Kalhyan. Mais après tout ce que ce dernier avait vu défiler dans la bibliothèque, il commençait à se faire une vague idée sur les fréquentations peu recommandables de sa fille adoptive...

- Dites, rassurez-moi sur un point, fit-il en s'adressant à la cantonade sans qu'on l'entende réellement pour le coup. Il n'en reste plus ? Vous êtes enfin au complet, n'est-ce pas ? Plus de mauv-Ouch !

C'était encore sa femme, Sérhya, qui, les sourcils froncés, lui imposait le silence à coup de pied sous la table. L'incube lui rendit son regard... avant de se résigner à devoir supporter cet impensable dîner en compagnie de... des autres. De ce cortège de fous furieux.
Sünd ! Pourquoi, Sûnd ? Pourquoi le monde a-t-il enfanté des créatures pareilles?!

- Il n'est toujours pas arrivé, remarqua Scarlette.

- Non, répondit simplement la succube, fière organisatrice de cette pluvieuse journée. Mais il ne saurait tarder. Tout comme vous, mes chers invités, il n'oserait pas me poser un lapin le jour de mon anniversaire~ Surtout que nous représentons à nous tous une super famille ! Imaginer le contraire suffirait à me fendre l'âme ! ajouta-t-elle en se posant dramatiquement une main sur le cœur, comme blessée par une flèche de glace.

Igños secoua la tête d'incrédulité ; son père, quant à lui, affichait une expression blasée qui sous-entendait : « mais qu'est-ce qu'on peut pas entendre, de telles conneries ! » ; Sérhya, la mère souriante, hochait la tête, captivée par l'expression théâtrale ultra-réaliste qu'avait adoptée sa fille.
Boris, pas très patient, posa grossièrement ses pieds bottés sur la table en se balançant sur sa chaise, les mains jointes derrière la nuque.

- Il a sans doute oublié l'heure du rendez-vous et s'est payé une passe dans le bordel le plus proche, supposa-t-il.

Neryos grogna sa désapprobation en lui virant ses bottes de sur la table.

- Elles sont propres, ronchonna le forgeron.

- Là n'est pas le problème, tête de fion, rugit le blond, connu pour son impulsivité. Question de bienséance. Et le type dont on parle n'est pas du genre à profiter des filles de joie, contrairement à toi.

Boris renifla de mépris et balaya ce commentaire d'un geste désinvolte.
Soyren, qui ne manquait jamais une occasion de se foutre de la gueule de son jumeau, saisit la perche avec un plaisir malsain. Il tendit deux doigts écartés en direction des spécimens de foire et sourit, non sans passer un bras autour du cou de Scarlette pour crâner vilement :

- Mais c'est que 'y a de l'eau dans le gaz, par ici ! Je suis sûr qu'à vous deux vous pourriez former un joli petit couple bien soudé. Il se mit à ricaner comme un troll juste au moment où Scarlette fit passer son bras au-dessus de sa tête.

Quand il s'apprêta à esquisser un geste obscène pour ponctuer ses propos - du genre l'index tendu dans un cercle formé par deux autres doigts joints -, Scarlette l’interrompit en lui écrasant avec fracas le dos de la main sur la table, histoire de lui rappeler qu'il faut se tenir un minimum à carreau devant la famille de leur employeuse. Kalhyan, livide, sursauta tout aussi violemment. Si cela avait été sa main...

- AARRGH ! Putain, Scarlette ! Qu'est-ce qui te-, il la regarda d'un seul œil fébrile, la joue pressée contre la table, avant de comprendre enfin où elle voulait en venir : D'accord ! D'accord ! Lâche ma main ! Je m'excuse. J'arrête les conneries ! Pardon, Miss et Mr Hilaris !

Les sourcils arqués, sous le choc, les deux concernés acquiescèrent d'un air stupéfait.
Scarlette hocha la tête avec froideur et le relâcha avec brusquerie. Elle en profita pour darder Boris et Neryos d'un regard autoritaire, qui s'enfoncèrent dans un silence lourd de sens, les yeux baissés sur la table.
Encore une fois, Ryanne était bien la seule à trouver ça drôle, son éternel sourire fiché sur son visage.

- Je sens qu'il ne va plus tarder, se rassura-t-elle en adoptant une position détendue, plus ou moins semblable à celle qu'avait choisi Boris avant de se faire réprimander, mais sans poser ses bottes sur la table au risque de s'attirer les foudres de ses parents.

- On devrait commencer sans lui, proposa Ivy, qui s'était déjà penchée sur la table pour avaler quelque graines de raisin trônant dans un saladier. Les absents ont toujours torts.

- Les retardataires aussi, fit remarquer Daya, pour qui « l'heure c'est l'heure. »

- Tu ne m'aides pas beaucoup, répliqua Ivy, en lui coulant un regard de reproche.

- Ta dernière démonstration ne m'a pas rendu service non plus, lâcha-t-elle, revancharde, en haussant nonchalamment les épaules.

Un lourd silence s'ensuivit, durant lequel toutes les têtes s’étaient tournées sur le dernier duo qui venait d'échanger quelques piquantes répliques.
Ce silence réanima des souvenirs dans l'esprit de la succube. Elle se replongea dans son passé et en visualisa mentalement un événement spécifique. Celui, très intense et mouvementé, qui traitait de sa dernière recrue un jour particulièrement...


...Brumeux.
Un brume matinale, qui gravitait au-dessus de l'herbe montagneuse comme un nuage et qui ne facilitait pas beaucoup l'avancée du groupe. L'air en était presque étouffant, comme si un orage n'allait pas tarder à s'abattre sur la tête du peloton. C'était particulièrement intrigant d'ailleurs, et Ryanne, installée au devant du véhicule tiré par deux chevaux, commençait à croire qu'une quelconque magie était à l’œuvre dans cet environnement. Mais comme elle avait tendance à la voir agir un peu partout, piégée par ses petites habitudes d'enquêtrice, la succube ne fit pas mention de ses doutes. Ni à son frangin installé à ses côtés ni à sa vaillante petite troupe.
Dans l'imposant chariot qu'escortait la brigade reposaient des livres fraîchement collectés. Préalablement étudiés par la succube, celle-ci avait estimé la rareté de bon nombre de ses acquisitions, dont certains emplis de connaissances magiques qui serviraient sans doute à des mages silitiens accomplis. Tous ces tomes ne leur avaient pas coûté cher, car leurs anciens détenteurs n'étaient pas du tout de fins connaisseurs ; Igños, contrairement à ces derniers, s'était montré particulièrement futé au point d'avoir eu accès à des prix au rabais. Le noble incube savait se montrer faussement dédaigneux devant des articles de qualité.
Ryanne, quant à elle, outre sa tâche de repérer les perles de rareté, avait pour devoir de choisir la formation la plus adaptée à son convoi, et ce en fonction des aléas du temps et de la configuration des lieux. Ici, la route était aussi large que carrossable. Aussi, avait-elle pris soin de poster Boris à l'arrière du véhicule, autant pour le séparer de Neryos avec qui il bavardait beaucoup trop que pour éviter au groupe d'essuyer dans la douleur une attaque en traître. Seul, le forgeron faisait toujours montre d'une vigilance sans faille. Pas autant que Scarlette, bien entendu, cette dernière menant comme toujours la marche en éclaireur juste devant un Soyren qui se plaisait à lorgner sur son délicieux popotin. Un popotin dont il était le seul à pouvoir se délecter la nuit tombée, puisque même Ryanne ne pouvait pas en profiter - et c'était pas faute d'avoir fait des avances un nombre incalculable de fois à la femme fatale ! Elle paraissait distante de l'ex-bandit mais ce n'était qu'une image représentative de son professionnalisme lorsqu'elle chevauchait au devant.
La succube jalousait un peu ce beau petit couple...
Entre-eux avançait le jumeau blond, Neryos, la lance au poing et l'autre main serrée sur les reines de son cheval. Il avait l'air soucieux, ses sourcils froncés dessinant une ligne en-dessous de son front plissé. Sur ses flancs évoluaient à la même cadence les deux autres filles du groupe, qui veillaient respectivement à ce qu'aucune embuscade ne surprenne le convoi sur les côtés. Daya protégeait le côté gauche tandis que la redoutable Ivy se chargeait de son opposé.
Ryanne baissa les yeux sur le lancier et lui demanda, comme soudain dérangée par sa contrariété :

- Tu boudes, Neryos ?

Soyren ne manqua pas l'occasion d'émettre un rire gras, ce qui fit rougir son jumeau.

- Fais-gaffe, trou duc' ! Le prévint-il. Ma position actuelle m'offre la si délicate et tentante perspective de t'élargir le fion en y enfonçant la pointe de ma lance.

Le menacé se tourna à demi pour lui répondre d'un bien vilain sourire.

- Si tu m'avais pas précisé avec quoi, je m'en serais posé, des questions !

Ce fut au tour d'Ivy d'en rire, puis à Daya d'en glousser. Avant que Neryos puisse répliquer quoi que ce fût, Scarlette intervint comme si elle avait depuis le début choisi d'adopter le rôle d'une enseignante dans une classe remplie d'élément perturbateurs.

- La patronne vous a interrogé, Neryos, lui rappela-t-elle sans quitter des yeux la brume. Tâchez de rester courtois et de lui répondre avant que ça ne dégénère. J'aimerais ne pas avoir à m'en mêler le moment venu.

Il obéit à contrecœur alors que les rires s'étaient éteints et que le silence était de retour :

- 'Y a un truc qui cloche, finit-il par avouer. Depuis hier, tout va trop bien...

Cette fois-ci, Soyren garda ses répliques sarcastiques pour lui-même, comme s'il partageait le pressentiment de son jumeau.

- Et quand tout va trop bien, continua le lancier, c'est que de la merde ne va pas tarder à nous tomber dessus.

La succube étira un sourire malicieux. Igños, à ses côtés, s'attendait à ce qu'elle enfonce le pauvre lancier - et pas pour la première fois de la journée.

- « La fortune ne sourit aux méchants que pour mieux les perdre ? »

- Ouais, c'est exactement ç-..., Neryos s'interrompit, comme si son cerveau venait de faire un nœud, avant de revenir sur sa réponse : Quoi ?! Mais non, ce n'est pas ce que je voulais dire ! On est pas des méchants ! s'insurgea-t-il. ...Si ? Non, attendez...

Et encore une fois, Igños avait eu tristement raison.
Ivy fut prise d'une « petite » crise de rire à s'en tenir le ventre.

- Mais qu'il est con ! Ha ha ha ! Elle t'a bien eu ! Franchement, mon pauvre Neryos, tu devr-

- Stop ! ordonna Scarlette, en levant une main haut dessus de sa tête. Il faut croire que les doutes de Neryos ne sont pas totalement infondés. Nous avons bel et bien un problème...

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Alors que le convoi venait tout juste de s'arrêter, Ryanne, un tome en main, s'était levée de son siège pour aviser ce qui avait interpellé son éclaireuse. Il s'agissait d'un tronc étendu en travers de la voie. Une voie qui, par ailleurs, avait fini subrepticement par se rétrécir.
Il ne pouvait s'agir que d'un piège aux yeux de la deux fois centenaire.

- Une embuscade, souffla la succube.

- On dirait bien, confirma Igños.

- Préparez-vous ! Aux armes ! cria la succube.

Soyren dégaina son épée de guerre, presque aussi longue que lui ; Scarlette décrocha son arc de son dos et piocha une flèche dans son carquois ; Ivy fit claquer son fouet pour leur signifier qu'elle avait bien entendu, tandis que Daya entrechoqua ses dagues l'une contre l'autre. Neryos, lui, avait déjà son arme en main et Boris...

- Hein ?! Z'avez dit quoi ? Puis peu de temps après, un choc métallique qui lui fournit sa réponse : Oh, le putain de salaud ! On a de la visite ! hurla-t-il avec un train de retard.

De part et d'autre de la brume anormalement épaisse jaillissaient des hommes armés. Des bandits, à première vue, dont l'un venant d'engager le combat avec Boris qui eut tout juste le temps de prendre en main sa lourde hache pour lui fendre le crâne en deux !

- Serrez les rangs, et ne les laissez surtout pas approcher du véhicule ! lança la succube sur ses gardes, comme tout le reste de sa troupe.

Scarlette recula d'un petit bond en décochant sa flèche, qui s'enfonça dans la poitrine musclée d'un type coiffé d'un crâne. Son cri de guerre mourut pendant son vol plané, qu'il termina au-delà du grand chêne abattu en travers du chemin. L'un de ses imprudents collègues enjamba le cadavre, beuglant des insultes tout en faisant tournoyer sa hache, puis se fit adroitement décapité par l'épée de guerre de Soyren. Celui-ci faillit bien se faire surprendre par un autre assaillant, caché derrière le cadavre sans tête, au moment où sa garde était grande ouverte. Mais la lance de Neryos effleura la joue du jumeau pour le dépasser et se loger droit dans la gorge du bandit.

- Excuse-moi, frérot, dit le blond. Je crois bien t'avoir manqué de peu.[/color]

- 'Y a pas de quoi, grommela Soyren.

- Ce n'est pas le moment de vous taquiner ! les rabroua la succube.

Hors des remparts silitiens, ses capacités magiques laissaient fortement à désirer . Néanmoins, elle disposait d'assez de pouvoirs pour déstabiliser ses adversaires. En l’occurrence, elle permit à Ivy de prendre le dessus sur les hommes qui s'étaient mis en tête de la déborder ; avec une détonation venteuse, Ryanne avait fait sauté l'épée courte des mains d'un ennemi plutôt entreprenant. L'infortuné reçut ensuite la morsure du fouet de la tortionnaire en plein visage, l'affligeant ainsi d'une douloureuse cécité qui se termina par une gorge tranchée.
Igños gérait le flanc opposé, là où Daya jouait des dagues avec une assiduité fort impressionnante. L'incube ne brillait pas par sa maîtrise du vent mais se débrouillait plutôt bien avec celle du feu. Assez dans les présentes circonstances pour allumer quelques débuts d'incendie sur les vêtements de cuir que portaient les bandits - ça sentait vite très mauvais. Profitant de la panique instillée dans l'esprit des attaquants, Daya sectionnait des gorges et ouvrait des ceintures abdominales sans s'en lasser - et il valait mieux pour elle !
Le groupe tenait bon. On ne déplorait pas de blessé, pas même du côté de Boris, qui ne tarda pas à revenir couvert du sang de ses ennemis de la tête aux pieds - avec un sourire démesurément laid imprimé sur sa face de monstre. Du moins jusqu’à ce qu'une flèche se plante dans son trapèze et l'invite à se gratter.

- Je crois que je suis touché, dit-il à Daya, dont les yeux grands ouverts avaient atteint une impressionnante circonférence.

Elle le tira à couvert juste à temps, car d'autres projectiles se logèrent dans l'herbe, là où ils s'étaient tous les deux trouvés quelques millièmes de seconde plus tôt. Enfin, elle appela Scarlette qui localisa l'archer, à demi-enfoncé dans la brume, et lui logea un trait entre les deux yeux avant de retourner sur le front ; l'archer occis s'effondra sur le côté avec toute la raideur d'un arbre mort. La femme fatale se débarrassa d'un autre bandit peu de temps après, en ayant usé cette fois-ci d'une flèche enflammée par les soins d'Igños tandis que Soyren empalait un énième vilain.
La mêlée s'était intensifiée pendant de bonnes minutes, mais les efforts conjugués de chacun eurent finalement raison  de tous les embusqués.
Tous sauf des deux sorciers responsables de cette échauffourée - de biens sinistres personnages caparaçonnés de toges du même acabit - qui ne tardèrent pas à se mettre dans l'idée de battre en retraite. Et quand l'un d'eux eût cessé de remuer les bras en l'air, la brume avait déjà commencé à s'évaporer...

- Ah ! Par Sünd ! Je le savais ! Je m'en étais douté ! s'exclama la succube, qui s'en voulait un peu pour le coup de n'avoir rien dit. Ils nous ont bien blousés sur ce coup-là, les saligauds !

- De quoi ? s'enquit Igños, plus à portée d'oreille que les autres.

- L'un des ces mages a rendu la brume plus compacte. Nous étions, sans même nous en être rendu compte, comme enfermés dans un grand nuage...

- Astucieux, remarqua l'incube en se massant la pointe du menton.

- Pas avec cet arbre au milieu du chemin, répondit la frangine. C'est grâce à cet avertissement visuel que nous avons pu éviter de subir des pertes. Ça dénote également que leur travail d'équipe laisse un peu à désirer. Elle brassa l'air d'un geste à la volée et s'époumona : Mais qu'importe : il faut les rattraper ! Silit n'est pas la porte à côté, et si on les laisse s'enfuir ils chercheront sans doute à prendre leur revanche sur nous d'une manière ou d'une autre !

- Bien reçu ! fit Neryos avant de se tourner vers Scarlette. Tu penses pouvoir en zigouiller un d'une flèche ?

La concernée estima la distance et secoua la tête.

- Non. Ils sont trop éloignés et auront tôt fait de rejoindre les bois sous peu pour s'y abriter.

- Ça pue, répondit le blond. Et pour une fois, ça ne vient pas de Boris.

- Ah, bon ? sourit le forgeron, couvert des fluides vitaux de ses défunts ennemis, non sans arracher la flèche qui dépassait de son dos.

Il puait le sang, effectivement. La vanne de Neryos tomba à l'eau, car elle était trop criante de vérité.

- Donc on doit les poursuivre ou bien... ? demanda Soyren, sa lourde lame calée sur son épaule. Il remarqua l'air intrigué de sa femme dont le regard portait très loin, et haussa les sourcils à son attention : ...Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Quelqu'un semble leur barrer la route, annonça-t-elle.

Ryanne mit sa main en visière et plissa les yeux dans la direction concernée, à savoir droit devant.

- Des renforts ? Un retournement de veste ? s'interrogea-t-elle. Conflit interne ? Des négociations corsées ?

- Je ne crois pas, reprit Scarlette sans quitter le trio des yeux. L'homme qui leur faire face m'a tout l'air prêt à dégainer... Ah ! Ça y est...

Histoire
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Dernière édition par Ryanne Hilaris le Dim 17 Juin - 11:32, édité 2 fois
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Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! Empty
MessageSujet: Re: Il peut y avoir du bon dans la magie noire !   Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! EmptyJeu 14 Juin - 0:07

On ne se refait pas avec la longueur ! /bang



Histoire (Deuxième Partie)


- Maintenant que je vous ai retrouvés, vous n'êtes plus que des morts en sursis.

L'homme le visage ombragé, était d'une pâleur mortelle en plus d'avoir l'air franchement épuisé. Pourtant, il avait proféré cette menace avec calme et assurance. Les sabres au clair - hormis la longue lame qu'il portait en travers dos -, il s'était bel et bien mis en tête d'occire les deux sorciers pourtant galvanisés par l'énergie du désespoir.
La situation n'était pas vraiment à son avantage, et le regard que s'échangèrent les deux pratiquants des arts occultes sous-entendaient qu'ils n'allaient pas rester là à attendre de goûter à son acier meurtrier.
Ils avaient après tout évaluer leurs chances la veille...

- N'inverse pas les rôles, gamin, cracha l'un des mauvais. La leçon d'hier ne t'a donc pas suffit ?

- Il a raison, surenchérit l'autre. Tu aurais mieux fait de ne jamais te relever, car tu vas regretter de nous avoir dérangé pour la seconde fois. Et crois-moi : ce sera la dernière, fit-il en tendant les mains devant lui.

Leur adversaire pouffa, ses épaules tressautant au cours de son hilarité... puis éclata de rire. Un rire à la limite du dément !

- Le pauvre est devenu cinglé, en conclut le premier sorcier. Tue-le vite qu'on puisse, plus tard, réitérer notre assaut sur ce maudit convoi.

Avant que son collègue ne puisse répondre, le bretteur reprit avec le même timbre de voix, comme s'il ne craignait pas la mort ou tout ce qui pourrait le frapper en cet instant précis.

- Bande d'abrutis finis ! Parce que vous vous imaginez capable de m'abattre avant que vos futurs poursuivants ne soient parvenus à nous rejoindre ? Il esquissa un sourire diabolique, antipathique, en levant l'une de ses lames effilées dans l'alignement du sorcier aux mains tendues : C'est si beau de rêver.

- Peuh ! Misérable vermine ! Tu vas voir ce qu- *splotch! * … Kkhh...Khh?!

Le sorcier porta les mains à sa gorge ; une flèche venait de la lui traverser, ni plus ni moins. L'agonisant, les yeux ronds d'incrédulité, mourut deux secondes plus tard en émettant quelques gargouillis étouffés, du sang coulant à gros bouillons de sa plaie au cou. Il s'affala par terre de tout son long, répandant le liquide carmin sur la terre humidifiée par l'ancienne brume.
Burnagore, tout aussi stupéfait que le sorcier, fit un effort intellectuel pour étudier promptement la trajectoire du tir de la flèche. Il déduisit la position du tireur avant même que lui et ses partenaires ne se découvrent. Ils étaient nombreux - plus d'une dizaine - mais avec seulement deux archers dans leurs rangs.
Burnagore les indiqua du pouce, narguant le sorcier avec un petit gloussement agaçant.

- Petite querelle de couple ? Ça s'annonce mal pour toi, remarqua le sabreur. Il faut croire que tes petites affaires ne sont pas passées inaperçues.

Le regard du seul sorcier encore en vie, d'abord halluciné, luisait de méchanceté... et d'autre chose d'encore plus maléfique ! Sans s'encombrer de préambules, il lança d'un geste revanchard un projectile enflammé, à la consistance pâteuse, en direction du sabreur qui l'évita d'une simple torsion du buste. Le missile de lave frappa l'archer et celui-ci s'effondra dans une série de hurlements... du moins jusqu'à ce qu'il s'arrête de convulser par terre, convertie en une masse sanguinolente, liquéfiée et fumante, tout à fait méconnaissable.

- Bande d'enfoir- * Stonck ! * Ggurgh ! * Tchak ! Tchok !*

Une flèche se logea dans sa poitrine, suivi d'une seconde et d'une troisième quelques infimes secondes plus tard. Le sorcier mourut en s'écroulant sur le dos, les bras levés au-dessus de ses blancs à la manière d'un épouvantail renversé par d'incrédules corbeaux.

- Une mort qui te sied à ravir, sorcier, lâcha le bretteur, avant de se tourner vers les nouveaux arrivants.

Bien ! Maintenant, il y a fort à parier qu'ils vont tenter de me cribler de flèches. Ils ne m'ont pas l'air de faire dans la demi-mesure, après tout...
Le bretteur raffermit sa prise sur ses sabres.
Mais contre toute attente, le chef des bandits, coiffé d'un casque squelettique orné d'une impressionnante crête rouge, à la musculature assez impressionnante et fièrement exposée au grand jour par une veste en cuir ouverte, ordonna à son unique archer de baisser son arme et s'avança avec sa vilaine troupe jusqu'à la hauteur du sabreur.
Il le détailla d'un air impassible, des pieds à la tête, avant de couler un regard aux cadavres des sorciers pourfendus par des flèches.

- Je ne connais pas beaucoup de types capable de se dresser face à deux putains de sorciers avec autant de panache, fit-il, en lançant un regard interrogateur à l'épéiste.

Ce dernier garda le silence un moment... puis haussa simplement les épaules.

- Nous avions quelques comptes à rendre... dans le sang, précisa-t-il en levant un main, suivant la continuité de cette discussion insolite. Vous m'avez facilité la tâche. Fort aimable. Il ne fallait pas.

Le chef iroquois échangea un regard avec ses sous-fifres avant de rire aux éclats. Ils l'imitèrent. Seul le bretteur ne riait pas. Le bretteur et l'archer, aussi. Celui-là paraissait sceptique. Il était même resté un peu en retrait juste au cas où...

- Un vrai cinglé ! beugla le leader. Tu me plais bien... Un gars qui, de toute évidence, a les baloches bien accrochées. T'es de la partie, mon gaillard ?

La question eut le mérite de le surprendre.
Des cris se firent entendre dans le dos du sabreur, là où la convoi était à l'arrêt, bloqué par l'arbre effondré sur la voie. Il tourna la tête et les vit, cette joyeuse troupe de bandits jusqu'alors embusqués dans les bois qui fondait sur le véhicule comme un glissement de terrain.


...Ryanne dut se claquer les deux joues pour s'assurer qu’elle ne rêvât pas. Ou plutôt qu'elle ne cauchemardait pas. Ou alors qu'une illusion n'était pas à l’œuvre en ces sinistres lieux !
Autour du chariot, une deuxième vague de bandits se lançait à leur rencontre. Ils étaient fichtrement nombreux ! Si bien que la matière grise de l'équipe s'interrogea sur les raisons qui avaient poussé jusqu'ici cette petite armée à se scinder en deux parties si inégales...

- Je n'en crois pas mes yeux, souffla la succube, stupéfaite.

Et s'il s'agissait d'une tout autre équipe, qui avait pour projet secret non pas de soutenir les premiers assaillants mais de les attendre au tournant une fois leur butin dérobé dans le sang ? Une embuscade par-dessus la première embuscade !
On marchait sur la tête, chez ces fous furieux de bandits, vraiment !

- C'est pas le moment de rêvasser, la secoua Igños. Ça se bouscule autour de nous, et ce ne sont pas des enfants de chœur !

C'était le chaos.
Ryanne, qui tourna la tête sur un côté champ de bataille, vit Boris éclater la tête d'un malandrin d'un revers de sa hache ; la tête alla rouler plus loin, comme une motte de paille ballottée par les vents. Igños se chargea promptement de répandre quelques flammèches sur les bandits à sa portée, mais sa frangine d'adoption doutait fort qu'il puisse répéter indéfiniment cette opération. D'autant plus que les odieux personnages qui se cherchaient à se presser autour du véhicule comme une meute de chiens enragés s'entraidaient courageusement pour étendre les débuts d'incendie
A ce rythme, nous allons nous faire déborder ! Ils sont bien moins stupides que leurs prédécesseurs !
Neryos dut bondir en arrière afin de disposer de toute la place nécessaire pour empaler deux salauds sur sa lance et les renverser par terre d'un coup de pied frontal. Il les acheva à la hâte, puis vociféra à la cantonade :

- Bon sang ! Que les cerveaux de la bande nous trouve une échappatoire, ça urge ! Ces connards sont trop nombreux !

A côté de lui, Soyren brandissait son épée de guerre avec autant de panache que de dynamisme, fauchant les bandits les plus proches du véhicule tandis que Scarlette, impuissante avec ses flèches - trop d'ennemis agglutinés les uns derrière les autres - en avait profité pour battre judicieuse en retraite, là où se tenait leur employeuse et Igños.
Daya et Ivy peinaient de leur côté, au point de ne pas pouvoir s'empêcher de céder du terrain aux assaillants, le fouet de l'une comme les dagues de l'autre ne provoquant pas suffisamment de miracles à leurs goûts. Elles risquaient tôt ou tard de finir compressées comme des sardines, voire pelées comme des oignons, mais pas à cous de couteau : plutôt à coups de hache.

- Je préfère quand c'est moi la maîtresse ! piailla la tortionnaire, frustrée par ce désagréable retournement de situation en devenir

- Mes poisons ne sont pas assez efficaces, geignit Daya, son infortunée collègue. Ces types sont chargés en adrénaline !

Ryanne se mordit la lèvre inférieure. Elle dut se résigner à faire usage de son vent afin de ralentir l'avancée de ces démons à face humaine. Une tentative finalement peu probante car, en dehors de la Silit, ses pouvoirs ne lui permettaient pas de produire de longues et puissantes bourrasques - seulement quelques brises quasi inoffensives.
Elle dut reconsidérer sa stratégie dans la seconde !

- Vous tous, tenez bon et faites moi confiance ! s'époumona-t-elle en brassant l'air d'un grand geste de la main. Tout problème à sa solution, et je vais la trouver dans la minute !

- Une putain de minute ?! répéta Neryos, sur les nerfs. On cède du terrain, bordel ! rugit-il en traversant un autre type de sa lance

La succube le snoba pour se tourner prestement vers Igños, pendant que Boris chassa un bandit galvanisé par la perspective alléchante de le tailler en tous petits morceaux. En arrière plan, on entendait les os d'un crâne se fendre et le sang gicler à grosses éclaboussures. Ivy filait un coup de main au forgeron comme elle le pouvait, notamment avec le talon de ses chaussures.
Un spectacle bien moche !
Tout cela laissa assez de temps aux deux têtes pensantes pour mettre au point une contre-attaque.

- Tu penses vraiment que ça va marcher en unissant nos forces ? s'enquit-il, le plus sérieusement du monde. Ces sauvages risquent de nous engloutir avant qu'on puisse les affaiblir.

- Garde espoir et tiens-toi prêt. répliqua-t-elle, déjà mentalement dans le feu de l'action. ne t'occupe pas de ce qui se passe autour et fais confiance à nos camarades. Le temps presse : concentre-toi et tiens-moi la main !

Elle n'attendit pas son aval, lui prenant la main à la volée, et psalmodia des paroles cabalistiques auxquels la voix d'Igños s'ajouta peu de temps après.
Faites qu'un miracle se produise, et vite!


- Alors ? tu te décides ou pas ? le rappela le chef des bandits.

Le concerné reporta son attention sur l’investigateur de cette joyeuse opération. Son visage ne trahissait nulle émotion ; rien qui puisse aiguiller les bourrins qui l'entouraient sur ses prochaines intentions.
Il promena son regard sur la poignées de malandrins agglutinés autour de lui.
En cas de refus, tous savaient de quoi il en retournerait...

- Ça coule pourtant de source, répondit le chasseur de sorciers. J'accepte...

- Ha ! En voilà une bonne nouvelle ! le coupa son robuste interlocuteur. On se partagera le butin selon l- * slash !*



- ...de prendre ta tête, termina le sabreur, qui venait de délester le chef de ce vilain cortège de son hideuse caboche.

Il y eut un « poc ! », puis un « plof ! ». La tête était retombée de manière spectaculaire aux pieds de l'archer, qui n'avait absolument rien vu venir. Tout comme ses infortunés compagnons.
Puis leurs esprits, comme plongés dans une hallucination collective, revinrent à la surface de la réalité, épris par un sentiment de pure vengeance, et tous se mirent à brandir leurs haches en vue de réduire le sabreur en vulgaires morceaux de barbaque !
Vif comme l'éclair, juste avant que le cadavre du chef ne s'étale par terre dans un nuage de poussière, son assassin délogea une lame courte d'un étui accroché à sa ceinture et la lança droit dans la gorge de l'archer, qui venait à peine de bander son arc au beau milieu de la confusion. L’arroseur arrosé mourut exactement comme le premier sorcier qu'il avait occis, son cou ressemblant à s'y méprendre une fontaine de sang.
Leste comme une anguille, le sabreur évita un coup de hache horizontale, un vertical, et un dernier à l'oblique en bondissant tel un cabri. Il ne brisa à aucun moment l’encerclement des bandits.
Vous venez tous de signer votre arrêt de mort ! On ne pactise pas avec la Faucheuse aussi impunément. Tout comme on le lui vole pas son déjeuner sous le nez, putain de bâtards méprisables !
Il lâcha ses lames pour décrocher celle, infiniment plus longue, qui reposait dans son dos. En pivotant sur un pied tout en dégainant l'Inquisitrice - il s'était tâté à la nommer l'Exterminatrice mais en fin de compte, il avait opté pour quelque chose de plus glamour -, le sabreur faucha les bandits comme autant d'épis de blé dans un champs. Il exécuta plusieurs rotations sans quitter son axe, tranchant des bras levés, des torses contractés et des jambes fléchies comme s'ils étaient faits de beurre et non pas d'os et de chair.
Quand la tornade d'acier et de sang prit fin, tous ceux autour du guerrier ne ressemblaient plus à rien, éparpillés en morceaux dans un petit bouillon avec comme composant principal des litres de fluide carmin. Les bottes du sabreur pataugeaient dedans, sans gêne aucune.
Après avoir nettoyé l'Inquisitrice en s'étant servi d'un morceau d'étoffe emprunté à un mort, il la rangea dans son fourreau et récupéra ses deux lames jusqu'ici laissées à l'abandon.
Et maintenant, il ne me reste plus qu'à trouver l'endroit où pousser mon ultime soupir. Un lieu calme où m'allonger, de préférence au soleil, sous les feuillages d'un saule, les mains calées derrière la nuque. Ma vie comme ma mission s'achèvent aujourd'hui...
Les combats faisaient toujours rage au niveau du convoi mais il n'en avait cure ; il n'aurait aucun mal à distancer les fauteurs de troubles car il se trouvait bien assez éloigné de leur position, contrairement au convoi et ses protecteurs.
Qu'ils se démerdent. J'en ai assez fait tout au long de ma vie. 'Est enfin venue l'heure de se reposer. Ces salaud finiront bien par se tirer et les convoyeurs survivront, ou peut-être pas... Ainsi va la vie, ainsi va la mort. Tu es né poussière et tu retourneras à la pouss-... Qu'est-ce que c'est que ça ?
Il se figea, puis fit volte-face, perturbé par un picotement on ne peut plus familier derrière sa nuque.
La magie des ténèbres travaillait encore en ces lieux hantés, et elle provenait du centre du convoi. Elle pulsait, rythmique, comme le son d'un tambour mais que les oreilles ne pouvaient pas entendre. Des fréquences sombres... comme celles qu'on entend en plein rituel.
Il reste en ces lieux quelques sous-fifres du Mal encore en vie. Des adeptes des Arts Sombres... Hum. Finalement, peut-être bien que cet endroit sera aussi mon tombeau. Tant pis pour la mort paisible. Ce dernier fait d'armes mettra un terme à mon existence menée dans le sang. Une conclusion plus appropriée et héroïque... dirons-nous.
Le massacre reprit : direction le convoi !
Et direction les souillures qu'il renferme.

Autour du convoi, les assaillants se sentaient mal. Certains étaient pris de vertiges, d'autres avaient l'impression d'avoir un peu trop bu la veille, tandis que quelques rares élus dans le mauvais sens du terme voyaient complètement flou.
Leurs conditions de travail s'étaient pas mal dégradées.

- Ça marche ! s'égaya la succube qui, à l'aide de son frère, émettait des interférences magiques plutôt efficaces au vu de la gestuelle de plus en plus saccadée des bandits.

- Mais nous ne... tiendrons pas longtemps comme ça, geignit Igños, son visage perlant de sueur.

- C'est juste, répondit la succube, consciente qu'il était plus que difficile de faire en sorte que leurs sortilèges communs ne frappent que leurs ennemis et non pas leurs alliés. J'attends toujours que mon « miracle » frappe à notre porte. Je le sens, là, tout prêt.

Igños la regarda avec des grands yeux, bouche-bée.

- Tu paries nos vies là-dessus ?! C'est absurde ! Ces suppositions vont nous...

- D'ordinaire, c'est Neryos qui tire cette tête d'ahurie. Un peu de dignité, mon frère !

Boris se gaussa en réduisant en purée l'une de ses énièmes victimes. Ivy se joignit à son hilarité, à laquelle Neryos, la pauvre cible, ne goûta pas. Ce dernier émit un grognement tandis que ses autres alliés combattaient sans relâche - sauf Scarlette qui se contentait, depuis sa position reculée, d'annoncer de quel côté ça chauffait le plus tout en décochant une flèche par-ci et une flèche par-là quand sa visibilité le lui permettait.
Elle fut d'ailleurs la première à s'étonner que le rang des malandrins, bien garni dans ses débuts, loin devant, s'étaient éclaircis de manière drastique. Des membres tranchés volaient dans tous les sens tandis que le soleil se reflétait par intermittence sur des surfaces métalliques qui remuaient avec vivacité !
Quelqu'un - ou quelque chose de terriblement destructeur - prenait le dessus sur les macchabées et les massacrait tous à une vitesse ahurissante, au point de laisser une espèce de bruine sanglante dans son sillage !
Un ouragan funeste se dirige droit sur notre convoi. Je n'ai jamais vu autant de sang couler en si peu de temps !
Pour le coup, elle préféra en faire part à son employeuse, malgré qu'elle fût toujours affairée et passablement fatiguée par ses incantations. Elle lui glissa à l'oreille - le souffle de Scarlette éveillant sa libido de manière incongrue :

- Je ne sais pas précisément de quoi il s'agit mais nous risquons d'avoir affaire à quelque chose d'inédit sous peu, droit devant nous. Elle pointa un doigt sur le phénomène ravageur et ajouta : Dans le genre « lame pendulaire qui découpe tout sur son passage ».

Ryanne fronça les sourcils, partagée vis-à-vis de cette nouvelle information.

- Je me disais bien que quelque chose se dirigeait droit sur nous. Son sourire revint à la charge : et je crois bien qu'il s'agit-là de mon « miracle » !


Avant de venir à la rencontre de ces salopards de mages noirs, je ne m'étais pas imaginé un seul instant me retrouver là, à moissonner les champs de la vie avant autant d'énergie !
Bien qu'il fût pris de vertiges modérément supportables pendant son avancée, ses deux lames dansaient dans un ballet où se confondaient grâce et brutalité. Ses gestes, réfléchis, taillaient en pièce tous ceux qui se dressaient dans le sillage du sabreur !
Il recula la tête et la double-lame d'une hache fila juste sous son nez. Le coup, lancé dans un élan dévastateur, déséquilibra le porteur de l'arme lourde. Le bretteur esquissa un sourire des plus sinistres, ravi de constater cette ouverture dans la garde de son décérébré d'adversaire.
Bien le bonjour ! Voici la Mort qui frappe à ta porte.
Hilare, il administra un coup de boule mémorable dans l'arrête du nez de son adversaire. Ce fut au tour de ce dernier de reculer en titubant. Entretemps, l'un de ses camarades, le visage déformé par la rage, crut bon de se placer en soutien, sa hache rejeté en arrière en vu de porter un coup terrible au bretteur. Celui-ci, l'ayant repéré du coin de l’œil, ne lui en laissa pas le temps ; son coude frappa la pointe du menton de l'audacieux et l'intima à reculer de deux pas, la tête renversée en arrière.
Vous mourrez comme d'authentiques frangins.
Le sabreur les embrocha ni plus ni moins sur ses lames, qu'il dégagea ensuite avec souplesse. Et lorsque les deux corps s'effondrèrent de conserve, l'affrontement reprit avec de nouveaux adversaires.
Vous êtes bien décider à me faire chier, on dirait.
Cette fois-ci, il y en avait trois. Celui qui braillait des injures disposait entre ses grosses mains d'une énorme massue, tandis que ses deux voisins moins confiants possédaient des épées en bien piètre état.
Un équipement à la mesure de leurs propriétaires. Un butor et deux consanguins.
Le plus gros chargea, les traits de son front plissés à l'extrême.
La massue s'abattit dans un bruit sourd là où le bretteur se tenait, les jambes fléchies, un peu plus tôt. Il retomba souplement sur la tête de l'arme en laissant l'un de ses sabres visiter la trachée de son assaillant. Avec son arme restante, le bretteur fondit sur ses deux autres proies, lesquels furent débarrassés, en premier lieu et en un éclair, de leurs bras armés avant de perdre littéralement leur tête. Une fois la tâche accompli, le sabreur, le visage arrosé de fluides vitaux, ressemblait à un démon sorti tout droit d'une bonne baignade dans une rivière de sang.
Il avait l'air de bonne humeur, presque requinqué.
Allez-y, mes petits diablotins ! Donnez m'en encore plus !
Ils exaucèrent son vœu silencieux.
Au bout de son objectif se dressaient quatre ennemis, qui ne manquèrent pas de le repérer avec leurs yeux effarés, la haine se substituant immédiatement à une peur grandissante. Le sabreur leur sourit, ravi par cette ultime réunion. Ce coup-ci, il ne prit pas la peine de prendre en compte leur armement. Il se contenta, avec sa main libre, alors qu'ils se ruaient tous sur lui comme des hyènes, de soulever son cache œil pour user d'un pouvoir dont ils n'avaient pas conscience. A la vue de cet éclat incandescent, tous lâchèrent leurs armes. On aurait dit que le manche de leurs armes respectives leur avait brûlé les mains ! D'ailleurs ce n'était pas seulement une impression : de minces volutes de fumée, ainsi qu'une vague odeur de chair brûlée, s'en dégageait.
A trop vouloir jouer avec le feu, on finit par se brûler.
Le sabreur remit son cache œil en place.
Il conclut ce massacre en toute beauté : fendant à la verticale le crâne un courageux, labourant les entrailles d'un autre d'une coupe en taille, pourfendant l'aine d'un autre avec un coup d'estoc digne d'un escrimeur et décapitant un dernier bougre d'un revers piquant.
Après quoi le sabreur récupéra nonchalamment son deuxième sabre, qu'il avait laissé enfoncé dans la gorge du bandit à la lourde massue. Ce dernier ressemblait vaguement à une statue, figé dans une position bien particulière, les bras ballants le long de ses flancs, ses genoux à terre soutenant efficacement son poids, ses yeux vides rivés au ciel, le menton redressé et sa bouche grande ouverte.
Sacrée gorge profonde. En voilà un qui m'a l'air d'avoir pris son plaisir dans ses derniers instants.
Le bretteur roula de l'épaule avant de se diriger calmement vers le convoi.


Elle lâcha la main d'Igños quand la première ligne du convoi se mit à reculer, ses membres choqués par une apparition cauchemardesque recouverte de sang des pieds à la tête une fois que les derniers bandits eurent été laminés.
C'était vraisemblablement un guerrier - un ambidextre armé de deux sabres - dont il était question. Il portait un cache-œil avec une impressionnante balafre juste en-dessous, passant de la commissure fendue de ses lèvres jusqu'au sourcil. Ses cheveux, rejetés en arrière, étaient de braise. Il avait la mine sombre, impression renforcée par des cernes très noirs. Mais cela ne l'avait pas empêché de se frayer un chemin jusqu'ici, bien qu'il s'était trouvé la majeure partie du temps dans le dos des mécréants.
Sa toge rapiécée et la tenue dégagée qui se trouvait en-dessous - d'épaisses lanières de cuir sombre qui ressemblaient à s'y méprendre à un harnais de protection - offraient une vue sur sa musculature affûtée par des années de pratique. Il portait une curieuse protection à l'épaule ; on aurait dit la partie supérieure d'un crâne de corbeau.
L'inconnu avait l'air hors d'haleine, mais malgré tout encore capable de se battre. Il dégageait une aura de danger et de mort. Un prédateur aux abois, disposé à faire danser l'acier si jamais on osait le provoquer d'une quelconque manière.

- Je suis curieux... avoua-t-il en inclinant la tête de côté, mettant un terme au silence pesant qui s'était installé dans la zone. Que contient ce véhicule pour qu'un sorcier fêlé commandite à des bandits de mener l'assaut, avant qu'une autre bande de malandrins, davantage fournie, prenne le relais avec autant d'ardeur ? Tâchez d'être honnêtes, s'il vous plaît ; vous devinez sans mal que j'ai passé une assez sale journée, dit-il en écartant les bras.

Du sang. Du sang partout sur lui. Comme sur ce bon vieux Boris !
Neryos fut le premier à s'approcher, lance en main...

- Et en quoi ça te regarde, bonhomme ? L'insolence à ses limites ! Tu devrais plutôt nous décl-

L'inconnu saisit le bout de l'arme d'hast et la tira vers lui, ramenant le cou d'un Neryos trébuchant à portée du tranchant de sa main. Ce coup suffit à le jeter à terre tout en le sonnant. Soyren, chauffé à blanc à la vue de son jumeau vaincu, entreprit de sauver l'honneur familial en levant son épée de guerre au-dessus de sa tête - geste qu'il ponctua par un cri de guerre tout aussi éloquent.
Il accusa un coup de pied dans le creux de l'estomac et se plia en deux, les mains plaquées sur son ventre puis sur le sol pour se réceptionner, tout en vomissant son petit-déjeuner.
Avant que Ryanne ne puisse calmer les choses, Boris se rua à son tour sur le bretteur. Celui-ci esquiva son coup de hache - d'une lenteur presque caricaturale à force qu'il la brandisse à tout va - d'un pas latéral et l'invita à effectuer un laborieux roulé-boulé qui se termina en position accroupie, à la manière d'un sauvage acculé.

- Vous me faites perdre mon temps, déclara le sabreur. Encore une tentative de ce genre et je vous abats. Tous ! Ce que je ne tiens pas à faire dans l'immédiat, puisque vous ne m'avez pas l'air d'être des résidus décadents de l'humanité.

- Ce ne sera pas nécessaire, intervint la succube, visiblement séduite par la prestation. Elle promena son regard sur sa troupe et leur commanda de ne pas remuer d'un pouce.

Boris eut un peu de mal à se contenir mais même lui finit par obéir à l'ordre de la succube lorsque le regard de cette dernière le fixa intensément.

- En voilà une capable de faire preuve d'un minimum de jugeote, s'amusa l'inconnu. Et la plus jeune, à première vue.

- J'ai plus de deux-cent cinquante ans, Môsieur.

- Toutes mes condoléances, répondit-il en haussant les épaules.

- Vous êtes du genre... piquant, constata la succube.

- 'Suffit de voir dans quel état j'ai laissé vos vaillants compagnons qui ont tenté en vain de lever la main sur moi, dit-il en écartant légèrement les bras. Je pique comme une abeille tueuse et j-

- Et vous n'avez pas les idées claires, le coupa Ryanne, en plissant les yeux sur le bretteur à deux lames. Parce qu'en l’occurrence, vous êtes victime d'un enchevêtrement très complexe de malédictions. C'est comme...

- Des chaînes noires visibles par les seuls initiés, termina Igños, jusqu'alors muet, devenu un peu plus bavard à cause de ce phénomène hors du commun. Comment a-t-il fait pour survivre jusqu’ici en supportant pareil fardeau ? Depuis quand est-il... ?

Leur interlocuteur raffermit un peu plus sa prise sur ses armes, contractant les poings devant cette réponse implicite que lui avaient offert lesdits « initiés ». Complètement immobile, il les regarda tour à tour, comme prêt à bondir à la manière d'un Boris.

- Fantastique, soupira-t-il, ironique, non sans secouer la tête. Quatre adeptes des Arts Sombres rencontrés dans la même journée ! Je suis peut-être maudit jusqu’à la moelle comme vous venez si bien de le constater, mais j'ai aussi pas mal de pot en ce qui concerne la chasse aux sorciers. Son regard se fit plus féroce et l'impression de danger, ressentie par son infortuné entourage, plus forte encore. Lequel d'entre-vous veut y passer le premier ? Décidez-vous rapidement : je commence à fatiguer. Ou disons plutôt que je continue, sans trop que ça me dérange...

- Ce type me plaît bien, sourit Ivy en passant la langue sur son fouet. Je sais pas pour vous mais moi son humour me fait vibrer~ Et cette petite touche de folie... Awwwh~ Je crois que j'suis sur le point de me toucher.

Daya lui coula un regard de biais. Elle repéra d'ailleurs, en arrière plan, Scarlette qui s'était apprêtée à bander son arc mais qui, au tout dernier moment, avait avorté son geste.

- Si tu pouvais faire ça un peu plus loin, ça m'arrangerait. Puis en avisant tous les regards braqués sur la tortionnaire : Et pas que moi, certainement. Sauf dans le cas de Boris.

L'intéressé ne fit pas mine de la contredire à ce sujet.
La tortionnaire, en plein fantasme, s'humecta amoureusement les lèvres.

- Oh, non ! Si je le quitte des yeux, l'illusion risque de s'éclipser aussi vite qu'elle est apparue~

Ryanne se mit à glousser dans son poing fermé, aimantant les regards de toute sa troupe, y compris celui du sabreur fou, qui avait l'air franchement stupéfait par le peu d'impact qu'avait eu sa déclaration de guerre.

- Hé ! lâcha-t-il. C'est pas un peu fini, les conneries ? Je viens de vous dire que j'allais faire du tricot avec vos viscères et c'est là tout l'effet que ça vous fait ? Vous êtes plus fêlés que moi au sommet de mon art, ma parole ! Il retenta sa chance, les sourcils froncés à l'extrême : Par l'Enfer, dégainez vos armes qu'on en term-

- On l'engage ? éluda la succube, en échangeant un regard amusé avec chacun des membres de son équipe.

Neryos, qui peinait à se relever, une main occupée à se frotter la nuque, grogna en faisant la grimace  :

- C'est... une mauvaise... plaisanterie ? Ce type est un fou dangereux, bordel ! Il est fort, certes... mais c'est pas le problème ! Ah... j'ai un de ces mal de tête, moi...

Le concerné haussa les sourcils à l'attention du lancier et surenchérit, à l'adresse de la succube :

- Il a raison, avoua-t-il. Il a raison, et il ne me reste que quelques heures à vivre. Donc il n'est pas question que v-

Il s'interrompit en voyant la succube brasser l'air d'un geste désinvolte. Celle-ci tapota le siège de son chariot avec un grand sourire :

- Vous abhorrez les Arts Sombres et vous vous doutez bien que notre convoi est rempli d'ouvrages de ce type - d'où votre question à ce sujet d'ailleurs. Néanmoins, il ne contient pas que ça. Toutes les connaissances, même celles qui traitent de la magie des ténèbres, ne sont pas mauvaises. Aujourd'hui, elles pourraient vous sauver la vie si vous l'acceptez. Alors faisons un marché, Monsieur...

- Burnagore, répondit-il en un grognement agacé, ses yeux rouges roulant au ciel.

- Burnagore, reprit la succube en s'approchant du bretteur de quelques pas - ce qui fit blêmir Igños, et pas que lui. Seule Scarlette avait l'air confiante. En partie, tout du moins. Si d'ici cinq heures je ne suis pas parvenue à vous débarrasser de vos malédictions, je vous tendrai le cou et vous pourrez me trancher la tête. Mais si, à l'inverse, j'y arrive alors...

- Tu ne feras pas de moi ton esclave, diablesse, rugit-il en l'attrapant par le col de sa veste, plongeant son regard dans le sien. Tu me prends pour une fourmi attirée par le sucre ?! Je le répète : tu ne feras pas de moi ta putain de marionnette !

Scarlette encocha sa flèche et tendit la corde de son arc, prête à tirer ; Neryos se redressa d'un bond et menaça la gorge du bretteur avec la pointe de sa lance ; Boris, les babines retroussées sur son effroyable dentition, releva la lame de sa hache, prêt à fondre sur la cible du groupe ; Soyren, qui s'était relevé entre-temps, avait ramassé sa lourde lame et s'apprêtait à punir l'audacieux bretteur en esquissant un geste de recul ; Ivy ne paraissait plus si encline à se tripoter mais bien davantage à recourir à l'usage de son fouet ; Daya, accroupie devant le chariot, avait dégainé ses dagues à la vitesse de l'éclair. Quant à Igños, eh bien... il était à deux doigts, une main en l'air, d'ordonner l'exécution pure et simple de cet enfoiré qui avait soulevé de terre sa sœur adoptive.
Ryanne leva la sienne pour leur faire signe de ne pas donner l'assaut, justement ! Elle avait posé son autre main sur celle du bretteur qui froissait le col de sa vêtement.

- Décidément ! tes chiens sont bien dressés, remarqua Burnagore. Un geste et je suis mort, rit-il de façon sinistre. Une belle petite famille, très soudée... Et ce n'est pas de l’adoration que je lis dans leurs yeux. C'est de la fraternité et de la camaraderie, pensa-t-il en promenant son regard sur chaque visage. ...Amusant, fit-il en laissant tomber la succube sur les fesses, avant de ranger ses armes dans le calme.

Il toisa la succube de haut, une infime lueur de mépris perceptible dans son seul œil fonctionnel.
Ryanne toussa un bon coup avant de reprendre la parole :

- Vous ne seriez * koff* pas mon esclave. La suite fut plus audible, plus articulée : Nous établirons un contrat en bonne et due forme. C'est une promesse, fit-elle en exposant les doigts de ses mains comme pour lui montrer qu'elle ne les avait pas croisés en signe de mensonge.

Burnagore eut un petit sourire sibyllin. Contre toute attente, il l'attrapa galamment par la main et la remit sur ses pieds. Neryos, qui avait baissé la pointe de sa lance, avait été à deux doigts de la redresser pour la planter dans la face du bretteur maudit.

- Si jamais je viens à accepter ton offre, comment comptes-tu t'y prendre au juste pour m'exorciser ?

Son interlocutrice secoua la tête après avoir épousseté ses vêtements.

- Vous désenvoûter, le corrigea la succube. Seule, je n'y arriverai pas. Mais avec l'aide de mon frère, en conjuguant nos pouvoirs, nous y arriverons à temps, j'en suis persuadée.

Elle ne mentait pas ; Burnagore le voyait dans ses yeux. Un espoir limpide, qu'il avait déjà vu dans le regard d'une autre. D'une personne qu'il avait chérie de toute son âme. D'une personne morte.
Il se sentit grimacer et du détourner le regard.

- Advienne que pourra, finit-il par répondre.

Finalement, il avait bien fait de s'avouer vaincu et de croire en les promesses de la succube : les malédictions chevillées à son âme s'étaient toutes évaporées avant la fin du délai imparti - au prix de quelques jours d'inconscience pour les deux pratiquants des Arts Sombres, ayant tous deux sué dans l'effort.
Scarlette avait dû prendre les reines du convoi et accepter l'appartenance de l'ex-maudit à sa troupe.
Au départ, la collaboration ne fut pas des plus aisées : Burnagore n'était pas un tendre et ne mesurait jamais ses paroles. Puis, au cœur des combats qui eurent lieu par la suite, une complicité réciproque - la même qu'il avait décelé dans le regard de chacun - avait fini par se construire, et ce même avec Soyren et Neryos (les plus sceptiques du groupe). Ils s'étaient protégés mutuellement tout au long du chemin du retour qui menait à Silit - et Burnagore avait d'ailleurs su résister aux avances d'Ivy. Ryanne, qui avait eu ouï dire de tout ceci en plus d'en avoir eu un bref aperçu dès son réveil agité, eut tôt fait d'intégrer officiellement le bretteur à son équipe et d'établir sous ses yeux le fameux contrat. Par la suite, une fois rentrée au bercail, elle parvint même à plaider en la faveur de Burnagore pour qu'il puisse intégrer la patrouille silitienne et s'installer durablement dans la Cité. Là encore, il ne fut pas simple de le convaincre. A l'inverse, ce fut beaucoup moins compliqué de lui enseigner les lois et les sanctions silitiennes pour chaque délit ou infractions commises par ses habitants ; l'intellect du bretteur ne devait pas être mésestimé. Les relations entre la succube et le patrouilleur prirent différentes tournures, au point que la première, séduite par les techniques à l'épée du second, ne put s'empêcher d'épancher  à ses côtés son besoin d'apprentissage en la matière. Et contrairement à Ivy, Ryanne était même parvenue à coucher plus d'une fois avec son professeur - difficilement, certes, mais le mot « persévérance » était loin d'être étranger à la succube.
Depuis, après que le temps ait coulé sous les ponts, le redouté Chasseur...


...se tenait là, dans le couloir, devant le seuil de la porte de la bibliothèque, dans sa tenue de patrouilleur presque impeccable - si ce n'était la goutte de sang séché présente sur le revers de son col. Détail qui ne passa guère inaperçu auprès du paternel de la succube, celui s'étant dit tout d'abord « Un patrouilleur ! Que Sünd soit louée ! » avant de retomber dans son éternelle paranoïa et de se mettre à penser, l'expression sinistre : « Il y a quelque chose qui cloche chez ce grand gaillard ». Puis, allant et venant comme un yo-yo, le diagramme qui représentait la considération de Kalhyan envers Burnagore dessina un pic lorsque ce dernier, en plus d'avoir salué la petite assemblée et s'être présenté aux visages qu'il ne connaissait pas, avait pris la peine de venir un bouquet en main pour la succube. Ce fut un cadeau de dernière minute glané en cours de route, composé par une vieille fleuriste aux allures de voyante, selon les thèmes et qualités suivants : sagesse(Géranium), émerveillement(Gerbéra), beauté sublimée(Gardénia) et voyage(Cymbidium) - le tout en un assemblage très harmonieux ! Inutile de dire que Ryanne, profondément émue, était aux anges.
C'était sans compter la petite statuette à son effigie confectionnée/moulée par le forgeron, ou les sous vêtements à ouverture secrète achetés par Neryos, ou même la fameuse « pommade spéciale » mise au point par Daya, ainsi que la combinaison - un entremêlement osé de lanières de cuirs - fabriquée par Ivy !
Et, comble de tous les combles, qu'elle ne fût pas sa surprise quand la succube apprit le soir venu, à la toute fin des festivités et dans le plus grand des secrets, que l'archère de sa petite équipée sur laquelle elle avait louché des années durant - Scarlette - lui autorisait, en guise d'ultime cadeau d’anniversaire, l'accès à ses quartiers pour une seule et unique nuit, avec bien entendu l'autorisation expresse de son amant un tantinet bougon d'avoir été mis à la porte spécialement pour cette occasion ! Une invitation symbolisée par la clef de leur chambre.
Tout ce que vous venez de lire n'est qu'un exemple du train de vie, très mouvementé, mené par l'insatiable succube portant le nom de Ryanne Hilaris~


Dernière édition par Ryanne Hilaris le Dim 17 Juin - 14:10, édité 2 fois
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Aamon Lupercal

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MessageSujet: Re: Il peut y avoir du bon dans la magie noire !   Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! EmptyJeu 14 Juin - 0:08

Une histoire courte hein. J'suis passé pour un con en MP en plus de ça x) Re bienvenue mon cher camarade ! Et je m'en vais lire cette histoire qui promet d'être des plus intéressante ! Comme à l’accoutumé.
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MessageSujet: Re: Il peut y avoir du bon dans la magie noire !   Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! EmptyJeu 14 Juin - 0:12

x'D Boarf ! Je sais que tu aimes ça de toute façon - passer pour un con ! ;p /bang
Merci pour ton second accueil, M'sieur le Modo' ! Mais prends ton temps pour lire, hein, j'te fais confiance~
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Nyroc Wolfen

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MessageSujet: Re: Il peut y avoir du bon dans la magie noire !   Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! EmptyJeu 14 Juin - 4:16

Mais que vois-je, Ryanne hilaris d'une autre version ! ET EN SUCCUBE ! RE-bienvenue x)
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Karel Vi Silit

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MessageSujet: Re: Il peut y avoir du bon dans la magie noire !   Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! EmptyJeu 14 Juin - 16:39

Alors alors alors, comme d'habitude c'est bien écrit et ça se laisse lire, mais... y'a deux gros points qui me gênent fortement dans cette histoire.

Premièrement, les évènements d'avant la mise en esclavage, et donc l'achat, ne sont pas détaillés du tout et, te connaissant, j'aimerai les voir détaillés, histoire d'éviter une quelconque incohérence et impossibilité avec le contexte du forum, d'autant plus qu'il y en a une, et une grosse...

la nécromancie n'existe pas à Silit.

Pour le coup, autant le sceau de commande apposé sur Odogara pouvait être très clairement assimilé à de la magie de l'ombre et donc accepté sans trop de difficulté, autant la nécromancie ne tombe malheureusement pas dans le scope des possibilités d'une des six magies.

Il ne s'agit donc pas de quelque chose de possible pour un mage de ce monde, et ce peu importe les rituels et moyens employés. C't'un peu comme la pierre philosophale chez les alchimistes chez nous, on en rêve sans doute, mais ben, pas moyen de l'obtenir. Pour le coup la nécromancie c'est la même malheureusement, d'autant plus que zombies et fantômes existent, eux, dans des catégories à part...

Il te faudra donc corriger cela avant de pouvoir être validée !
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MessageSujet: Re: Il peut y avoir du bon dans la magie noire !   Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! EmptySam 16 Juin - 18:03

Argh !... C'était bien essayé. x')

'Pas grave. Je vais bien trouver quelque chose pour remplacer tout ce fatras. Et j'en profiterai également pour enrichir son histoire d'avant la mise en esclavage, comme demandé.
Néanmoins, il va me falloir du temps. study Et... pas mal, pour être honnête ; la semaine qui suit - comme celle qui vient de se terminer - promet d'être chargée, très chargée.
Tu serais prêt à m'accorder un délai de combien de jours, Karel ? =°
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Karel Vi Silit

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MessageSujet: Re: Il peut y avoir du bon dans la magie noire !   Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! EmptyDim 17 Juin - 13:15

Je peux te mettre deux semaines de délai supplémentaires, donc on serai rendu au 5 juillet comme date limite ^^
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MessageSujet: Re: Il peut y avoir du bon dans la magie noire !   Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! EmptyDim 17 Juin - 14:11

Je viens d'effectuer les modifications demandées. Ce qui ne m'a pas pris autant de temps que j'escomptais. ^^'
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Karel Vi Silit

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MessageSujet: Re: Il peut y avoir du bon dans la magie noire !   Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! EmptyVen 22 Juin - 22:49

Alors alors, nettement mieux, mais il reste deux soucis là par contre :

Citation :
il ne prit pas la peine de prendre en compte leur armement. Il se contenta, avec sa main libre, alors qu'ils se ruaient tous sur lui comme des hyènes, de soulever son cache œil pour user d'un pouvoir dont ils n'avaient pas conscience. A la vue de cet éclat incandescent, tous lâchèrent leurs armes. On aurait dit que le manche de leurs armes respectives leur avait brûlé les mains ! D'ailleurs ce n'était pas seulement une impression : de minces volutes de fumée, ainsi qu'une vague odeur de chair brûlée, s'en dégageait."

Euh... wait, what ? Le type est-il lui-même mage ? Pourquoi, comment ? Parce que je rappelle que dans le cas d'un enchantement, il est uniquement question d'objets, et dans le cas d'une malédiction, les effets sont strictement négatifs sur la personne qui la subit !

De plus, le personnage est perclus de malédictions, donc ses prouesses physiques, je les imagine très difficilement possibles... Un épuisement avancé du au fait que le mana est drainé de force, par autant de malédictions différentes, ça m'a l'air hautement difficile, pour ne pas dire simplement impossible.

Enfin, et c'était un détail que j'avais zappé la dernière fois mais...

Citation :
- Burnagore, reprit la succube en s'approchant du bretteur de quelques pas - ce qui fit blêmir Igños, et pas que lui. Seule Scarlette avait l'air confiante. En partie, tout du moins. Si d'ici cinq heures je ne suis pas parvenue à vous débarrasser de vos malédictions, je vous tendrai le cou et vous pourrez me trancher la tête. Mais si, à l'inverse, j'y arrive alors...

Dois-je rappeler que l'art de lever une malédiction est extrêmement compliqué ? Même dans tout Silit, il y a moins d'une dizaine de personnes capables de le faire, il s'agit d'une discipline extrêmement spécialisé ! Donc pas quelque chose que quelqu'un qui a, probablement, les connaissances théoriques, mais très probablement pas la pratique qui va derrière, puisse lever autant de malédictions en cinq heures à peine ? °-°

Je veux dire, même au prix de jours d'épuisements derrières, il est bien plus probable qu'ils aient raté quelque chose et aient fini par tuer Burnagore que de parvenir à le tuer...

Voilà voilà, je sais que je suis chiant, mais bon ><'
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MessageSujet: Re: Il peut y avoir du bon dans la magie noire !   Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! EmptySam 23 Juin - 23:26

Argh... Je garde espoir, on va bien finir par y arriver. x')

Discutons de toutes ces vilaines choses point par point :

1°)"Euh... wait, what ? Le type est-il lui-même mage ? Pourquoi, comment ? Parce que je rappelle que dans le cas d'un enchantement, il est uniquement question d'objets, et dans le cas d'une malédiction, les effets sont strictement négatifs sur la personne qui la subit !"

=> Tout à fait d'accord avec ça. Et je ne l'ai pas spécifié - va savoir pourquoi, moi-même j'en ai oublié la raison - mais j'ai imaginé que Burnagore, à la place de son œil, disposait carrément d'une prothèse un peu spécialise nichée dans son orbite - "l'éclat incandescent" tiré de mon paragraphe sous-entendait l'existence de la chose. Une prothèse enchantée, en somme, qui lui permettrait d'user de pouvoirs liés à l'élément du feu, assez pour chauffer le métal. Après, il aura bien évidemment le savoir en la matière et l'expérience qui va avec car comme tu l'as dit : il n'y a rien d'inné dans la pratique de la magie. Mais tout ça, je me voyais mal le narrer dans l'histoire de ma succube. ^^' Toujours est-il que tu ne verras jamais un Burnagore décocher une météorite à quelqu'un d'un simple coup d’œil. Pas même une boue de feu. Il est bien capable de quelques tours magiques, mais pas de produire des sorts dévastateurs de ce genre.

2°)"De plus, le personnage est perclus de malédictions, donc ses prouesses physiques, je les imagine très difficilement possibles... Un épuisement avancé du au fait que le mana est drainé de force, par autant de malédictions différentes, ça m'a l'air hautement difficile, pour ne pas dire simplement impossible."

=> J'aurais dû y penser. A croire que j'étais trop à fond dedans. x'D Je pourrais, pour remédier à cela, amoindrir ses efforts et raccourcir la scène. Rendre le personnage plus opportuniste dans ses échanges avec les bandits. Après, autre détail que je n'invente pas sur le fait car je me souviens très bien l'avoir déjà spécifié dans un Rp avec Aamon - où Burnagore ne se bat pas, il ne fait que dialoguer car il n'est qu'un PNJ avant tout - mais le bretteur dont il est question est un ancien gladiateur et dispose donc d'une certaine endurance, d'une maîtrise avisée de ses mouvements, tout en sachant s'économiser - sans quoi j'estime qu'il serait déjà par terre en train de crever la gueule ouverte avant même d'avoir pu combattre.
Cela dit, j'attends confirmation de ta part pour savoir si ce n'est pas trop exagéré... et pour modifier le passage dans mes écrits sans avoir à le refaire trente-six fois. x)

3°)"Dois-je rappeler que l'art de lever une malédiction est extrêmement compliqué ? Même dans tout Silit, il y a moins d'une dizaine de personnes capables de le faire, il s'agit d'une discipline extrêmement spécialisé ! Donc pas quelque chose que quelqu'un qui a, probablement, les connaissances théoriques, mais très probablement pas la pratique qui va derrière, puisse lever autant de malédictions en cinq heures à peine ? °-°
Je veux dire, même au prix de jours d'épuisements derrières, il est bien plus probable qu'ils aient raté quelque chose et aient fini par tuer Burnagore que de parvenir à le tuer..."

=> Là, ça me pose une colle. x'D Une sacrée colle, oui. Mais c'est un problème que l'on peut toujours contourner, notamment si je révise le scénario en faisant plutôt en sorte que Ryanne et son frangin soient parvenus à retarder les effets mortels de cet enchevêtrement de malédictions - toujours au prix d'un grand épuisement, cela va de soi - tout au long du chemin qui mène le groupe à Silit. Une fois parvenus à destination, ils pourront confier le guerrier à des gens plus expérimentés/doués... et c'est Ryanne et sa famille qui se chargeront des frais inhérents à la guérison => ce qui fera de Burnagore le obligé. /bang
...Cela te semble-t-il envisageable ? scratch



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MessageSujet: Re: Il peut y avoir du bon dans la magie noire !   Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! EmptyMer 4 Juil - 10:10

Comme j'étais supposé avoir jusqu'au 5 juillet pour modifier mon histoire, je demande un délai supplémentaire qui inclura en sus le temps que les membres du staff mettront à répondre à mes petites questions. =) Dans l'attente de pouvoir vous embêter encore un peu... I love you
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MessageSujet: Re: Il peut y avoir du bon dans la magie noire !   Il peut y avoir du bon dans la magie noire ! EmptyVen 24 Aoû - 18:49

Gros Up vis-à-vis de mes questions du dessus, afin de délier un peu cette histoire que je tiens à clôturer proprement ! Un peu de nerf, camarades ! Nous y sommes presque~
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